Diapo. Jorf Lasfar: voici comment et pourquoi l'OCP transforme l'eau de mer en eau douce

DiaporamaC’est sur le site de Jorf Lasfar, près de la ville d’El Jadida, plus grand complexe d’exploitation de phosphates au monde, que le groupe OCP, leader mondial des exportations d’engrais, a construit en 2016 une usine de dessalement d’eau de mer. Le360 vous y emmène.

Le 03/04/2019 à 16h20

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«Dessalement», «dessalage» ou encore «désalinisation»: trois mots qui désignent un seul et même processus, permettant d'obtenir de l'eau douce à partir de l’eau de mer.

C’est sur ce processus que parie le groupe OCP pour satisfaire les besoins importants en eau que nécessite l’exploitation des plus grands gisements de phosphate au monde, qu’abrite le royaume du Maroc.

En effet, pour transformer le phosphate, minerai aux multiples applications industrielles, dont les engrais nécessaires à une agriculture intensive, il faut de l’eau. Beaucoup d’eau.

Ce lundi 1er avril 2019, l’Office Chérifien des Phosphates a convié les médias nationaux à une visite de son usine de dessalement de Jorf Lasfar.

Le360 vous fait donc découvrir, à Jorf Lasfar, comment l’eau de mer se transforme en eau douce.

Salle de conférence du groupe OCP. Des responsables du groupe présentent d’abord, avant la visite sur le site, les consignes de sécurité et les règles en vigueur, à observer durant la visite du site.

Ahmed Mahrou, directeur du site de dessalement du groupe OCP, présente ensuite, sur maquette, la plan du site de l’usine de dessalement.

Or, explique Ahmed Mahrou, ces «besoins importants en eau que nécessite l’exploitation du phosphate [doivent être en adéquation avec la politique de développement du groupe».

L’eau est en effet une ressource précieuse, dans une planète en situation de stress hydrique dans bien des pays, dont le continent africain. C’est pourquoi «l’augmentation de la production [de dérivés issus du phosphate extrait] par l’OCP» doit aussi concilier son exigence de «respect de l’environnement», avec, en priorité, explique Ahmed Mahrou, «la préservation de l’eau».

Et ce responsable de citer en exemple la construction d’un pipeline, transportant le phosphate entre khouribga et Jorf Lasfar, ce qui permet une économie de «3 millions de mètres cube d’eau douce par an».

A son tour, une autre cadre de l’OCP, Hanane Morchid, responsable de «l’économie circulaire», terme environnemental mettant en avant la nécessité de recycler les ressources naturelles, explique que le «programme eau», mis en place par l’Office, repose sur deux leviers: «l’optimisation de l’utilisation de l’eau dans le processus d’exploitation» et «l’utilisation des eaux non conventionnelles, avec la construction de stations d’épurations pour le traitement des eaux usées et d’usines de désalinisations d’eau de mer».

Pour Hanane Morchid, le «programme eau» permettra à l’OCP de ne plus recourir aux eaux conventionnelles (soit les eaux des barrages, des lacs collinaires et les eaux des nappes d'eaux souterraines).

Equipés de casques et de gilets de sécurité, direction, à présent, l’usine de désalinisation en minibus.

Le site de Jorf Lasfar impressionne par sa taille: 1800 hectares. Il comprend des unités de production d’engrais et d’acides, des espaces de stockage ainsi qu’une zone logistique et portuaire. Depuis 2016, le site abrite donc la première phase de l’usine de désalinisation d’eau de mer.

Salle de contrôle de la station de dessalement. L’ingénieure en charge de la supervision du site, Chamaa Benskoura, présente sur maquettes, devant une multitude d’écrans, les cinq unités qui composent cette usine de dessalement.

La première unité est une station de pompage d’eau de mer, avec «un débit de 7500 mètres cube par heure», qui alimente la station. La seconde unité, dite de «flottation à air dissout» permet de «supprimer les algues et les matières huileuses».

La troisième unité, est l’unité «d’ultrafiltration» dont le but est «d’éliminer les micros-particules».

La quatrième unité, quant à elle, est celle de «l’osmose inversée», constituée quant à elle de «six trains, composés de pompes de haute pression (jusqu’à 65 bars) et de membranes dont le but est de bloquer le sel et les micro-impuretés».

Chamaa Benskoura explique ainsi qu’une fois débarrassée de son sel, l’eau est envoyée dans la cinquième unité, dite de «post-traitement» où est ajouté du «CO2 et de la chaux» avant que l’eau ne soit stockée dans d’immenses citernes, en bout de chaîne.

Toujours selon cette ingénieure, «ce processus, un des plus efficaces au monde, permettrait un rendement de 45%», avec «une concentration en sel de 0.5 gramme par litre, contre 35 grammes par litre [pour l’eau] dans l’océan».

Mais quelle sera, à terme, la capacité de production de cette unité de dessalement de Jorf Lasfar? Les responsables présents répondent que cette usine aura «une capacité actuelle de [production] de 25 millions de mètres carrés [d’eau], qui sera portée à 40 millions de mètres carrés, avec la mise en service de l’extension [de l’usine] en 2021, et à 75 millions de mètres cube d’eau douce, à terme».

Un communiqué du groupe OCP indique du reste que la première phase de cette station de dessalement a nécessité un investissement de 850 millions de dirhams et a participé à la création de 56 emplois directs.

La vision du groupe OCP se donne pour objectif, d'ici 2028, de préserver les ressources naturelles, et d’atteindre l’autonomie énergétique. Une stratégie visiblement en bonne voie.

Par Mehdi Heurteloup
Le 03/04/2019 à 16h20