Grand Format-Le360. La recette de Hassan Boubrik pour réussir le chantier royal d’une couverture médicale pour tous

said bouchrit / Le360

Invité de l’émission Grand format-Le360, le directeur général de la CNSS, Hassan Boubrik, décrit l’état d’avancement du méga-chantier royal de la généralisation de la couverture médicale. Tous les moyens sont mobilisés pour mener à bien ce projet qu’il qualifie de «révolution sociétale».

Le 10/12/2021 à 21h15

Le décret qui fixe les attributions des membres du gouvernement Akhannouch a confié la tutelle de la CNSS au ministère de l’Economie et des Finances. «Nous avons toujours travaillé de manière fluide avec le ministère chargé du travail. Aujourd’hui, dans le contexte actuel de la généralisation de la protection sociale, la tutelle du ministère de l’Economie et des Finances permettra plus d’efficacité et une prise de décision plus rapide», a affirmé Hassan Boubrik, directeur général de la CNSS, lors de son passage à l’émission Grand Format-Le360.

Concernant l’état d’avancement de la généralisation de la couverture médicale, l’opération d’immatriculation au régime AMO des travailleurs non salariés (TNS) a déjà commencé pour les commerçants et artisans soumis à la contribution professionnelle unique (CPU), les notaires, les auto-entrepreneurs et les professions médicales et paramédicales. Sur un total identifié de 650.000 personnes appartenant à ces catégories, 560.000 individus ont déjà été immatriculés, a indiqué le patron de la CNSS.

S’agissant des vétérinaires et des ingénieurs topographes (le décret a été approuvé par le gouvernement hier, jeudi 9 décembre 2021), l’immatriculation va commencer à partir du 1er janvier 2022. Environ 1.000 personnes sont concernées.

L’ensemble des TNS seront enrôlés d’ici mars-avril 2022, y compris les agriculteurs. Les ramedistes suivront au mois de juillet. Au total, la population servie par la CNSS va ainsi passer 9 à 30 millions de personnes.

«Cette croissance exponentielle du niveau d’activité de la CNSS pose des défis opérationnels énormes, que ce soit en termes de système d’information, de logistique, de ressources humaines, de process, etc. Nous nous préparons à cette généralisation depuis 9 mois», a fait savoir Hassan Boubrik.

Et d’ajouter: «nous allons créer dans les semaines qui viennent une cinquantaine d’agences, portant le réseau à un total de 160 agences. Nous allons également acquérir de nouvelles agences mobiles (surtout pour les zones rurales). Mais l’extension du réseau se fait surtout par les partenariats que nous avons noués avec les réseaux de proximité. Ces réseaux mettent à notre disposition 4.500 points où les gens peuvent s’immatriculer».

L’objectif principal de la CNSS, dit-il, est de maintenir le délai de traitement des dossiers AMO autour d’une moyenne de 8 à 9 jours malgré le quadruplement de l’activité (le nombre de dossiers à traiter va passer de 20.000 à 80.000 par jour).

«Nous misons sur le digital et les partenariats noués avec les réseaux de proximité pour continuer à délivrer une qualité de service, mais à un coût de gestion et à des frais qui sont beaucoup moindres», explique Hassan Boubrik, ajoutant que les effectifs de la Caisse seront renforcés au niveau du réseau, du pôle AMO et du contrôle (inspection). Le budget de la Caisse, environ 2,1 milliards de dirhams en 2021, va croître de 40% en deux ans face à une activité en augmentation de 400%.

Sur le plan financier, la gestion du régime AMO des TNS se fera séparément des autres régimes (salariés du secteur privé, Ramed). Interrogé sur une éventuelle fusion entre ces régimes, le directeur de la CNSS affirme que c’est une décision politique pour laquelle il faut peser le pour et le contre.

«Il ne s’agit pas d’avoir des régimes déficitaires ou excédentaires. Il s’agit d’avoir un équilibre tout en gardant la solidarité entre ceux qui ont une capacité contributive faible ou importante. Par contre, l’équilibre doit être assuré», soutient-il.

Hassan Boubrik qualifie de «révolution sociétale» ce chantier titanesque d’extension de l’AMO qui, dit-il, remet sur le devant de la scène la question des solidarités au sein de la société: «Le plus important, c’est de faire adhérer les gens et surtout d'avoir des outils de pilotage pour apporter les ajustements nécessaires suffisamment à l’avance».

Par Wadie El Mouden et Said Bouchrit
Le 10/12/2021 à 21h15