HCP: un ménage sur deux a réduit ses achats de viande rouge, de poisson et de fruits au cours du confinement

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La perte du pouvoir d’achat provoquée par la crise sanitaire et la mesure du confinement de la population a sensiblement impacté les habitudes de consommation des ménages, et s'est en particulier répercutée sur les dépenses alimentaires. Les détails.

Le 23/07/2020 à 14h12

C’est une enquête riche en enseignements que vient de publier le Haut-Commissariat au Plan. L’institution s’est penchée sur les répercussions de la pandémie de coronavirus et le confinement qui s’en est suivi, sur la situation économique, sociale et psychologique des ménages.

Les résultats de cette enquête, réalisée du 15 au 24 juin dernier auprès d’un échantillon représentatif de 2.169 ménages, témoignent de l’ampleur des dégâts causés par la mesure du confinement sur les travailleurs, en particulier sur les plus précaires d’entre eux.

Ainsi, environ 2 actifs occupés sur 3 exerçant une activité rémunérée ont vu leurs revenus baisser au cours de cette période de confinement.

Par profession, la baisse des revenus à touché 86% d’artisans et d’ouvriers qualifiés, 84% de commerçants, 77% d’exploitants agricoles et 26% de cadres supérieurs. 

Selon le niveau de vie, la baisse des revenus a touché près de trois-quarts des actifs occupés, soit 74% d'entre eux, appartenant à la classe des 20% les plus défavorisés, contre 44% parmi ceux de la classe des 20% les plus aisés.

Autre statistique édifiante: en comparaison avec la période d’avant le confinement, le revenu mensuel moyen des actifs occupés a baissé de moitié. 

Cette perte du pouvoir d’achat a impacté de manière significative les habitudes de consommation des ménages marocains.

Le HCP a dans ce sens étudié les effets du Covid-19 sur les dépenses alimentaires, observés pendant le confinement sanitaire, concernant 10 produits considérés comme étant essentiels pour le quotidien des ménages marocains. Ces produits sont la farine et d'autres céréales, les légumes, les fruits, les légumineuses, les viandes rouges, les viandes blanches, les poissons, le lait et les produits laitiers, les huiles de table et, enfin, le sucre. 

Il ressort de cette enquête qu’un ménage sur deux a réduit ses dépenses pour certains produits alimentaires, tout particulièrement sur les viandes rouges, les poissons et les fruits, produits qui ont été les plus impactés par cette baisse de la consommation.

Plus de 3 ménages sur 10 (31,2%) ont réduit les dépenses qu'ils allouent aux fruits, et plus d’un ménage sur 4 aux viandes rouges (28,3%) et au poisson (27,8%).

Les baisses les plus fortes ont été enregistrées parmi les 20% des ménages les plus précaires, parmi lesquels 40,4% ont déclaré avoir réduit leurs dépenses d’acquisition de fruits, contre 15,5% parmi les 20% les plus aisés de cet échantillon représentatif de la population. 

Pour les autres produits alimentaires, ces proportions sont de 32,8% contre 22% pour les viandes rouges, et de 32,2% contre 20,5% pour le poisson. La baisse de la consommation de ces produits est encore plus marquée dans le monde rural, indique le HCP.

La situation ne devrait pas s’améliorer à court terme, à en croire les résultats de l’enquête.

Au cours du mois prochain, 82% des ménages ayant réduit leurs dépenses alimentaires s’attendent ce que cette baisse se poursuive encore. 

Par Amine El Kadiri
Le 23/07/2020 à 14h12