Hydrogène vert: le gouvernement appelé à accélérer la transition énergétique, selon un expert

Badr Ikken, vice-président du cluster Hydrogène vert au Maroc.

Badr Ikken, vice-président du cluster Hydrogène vert au Maroc. . Abderrahim Et-Tahiry / Le360 (photomontage)

Le 01/09/2022 à 08h33

VidéoCrise énergétique et changement climatique devraient inciter le gouvernement à accélérer la transition énergique en accordant plus d’importance à l’hydrogène vert. Dans cet entretien avec Le360, Badr Ikken, vice-président du cluster Hydrogène vert au Maroc, explique pourquoi, et soutient que l’hydrogène vert peut financer la transition énergétique.

«Le Maroc possède des potentialités énormes pour la production de l’hydrogène vert, un carburant propre pouvant permettre de décarboner plusieurs secteurs économiques tels que le transport maritime ou encore la production d’engrais, réputés être des secteurs difficilement décarbonisables», souligne Badr Ikken, un expert international en énergies renouvelables.

Pour rappel, l’hydrogène vert est fabriqué à partir d’un processus d’électrolyse de l’eau. Ce procédé est qualifié de vert parce qu'il est obtenu à partir d’électricité, elle-même produite à partir de sources renouvelables.

L’électrolyse est un processus qui vise à décomposer l’eau (H2O) à l’aide d’un courant électrique. On obtient alors du dioxygène (O2) et du l’hydrogène (H2). Cette énergie, selon Badr Ikken, a l’avantage de pouvoir fournir «une matière première décarbonée, obtenue donc par un processus qui ne vient pas d’un procédé industriel utilisant des énergies fossiles, mais des énergies non polluantes.

«Le Maroc a été identifié parmi les six pays au monde ayant les plus importantes potentialités pour produire l’hydrogène vert», a fait savoir Badr Ikken, grand spécialiste des énergies renouvelables, et qui vient de claquer la porte du ministère de l’Energie. Il a également assuré, une dizaine d’années durant, la direction de l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen)

«Le Maroc a l’avantage d’avoir des sites qui combinent deux sources d’énergie renouvelable, le solaire et l’éolien. En conséquence, l’autre atout du Maroc, c’est sa capacité à pouvoir produire de l’énergie verte quasiment 24 heures sur 24. Cette dernière permet de produire de l’électricité propre, laquelle à son tour est utilisée dans la fabrication de l'hydrogène vert, que nous pouvons stocker de la même manière que les énergies fossiles», souligne celui qui est également vice-président de la commission économie verte de la Confédération générale des entreprises du Maroc.

Selon ce spécialiste, l’autre avantage est «la vision royale pour la protection de l’environnement». «Ensuite, a-t-il dit, nous avons une expérience et une expertise dans le développement de grands projets de l’électricité propres, cela signifie que nous avons la capacité d’exporter cet hydrogène vers l’Europe qui ambitionne de décarboner son économie grâce à une matière que nous sommes en mesure de leur exporter facilement».

Le mix énergétique actuel du Maroc est orienté à hauteur de 20% pour la production de l’électricité, mais il y aussi les autres activités qu’il faut décarboner comme le transport, le chauffage, la cuisson… «Nous voulons augmenter la production de l’électricité propre pour fabriquer l’hydrogène vert en la mettant au service d’une économie propre». L’eau est indispensable pour fabriquer de l’hydrogène vert. Le Maroc va pouvoir ainsi utiliser le dessalement de l'eau de mer pour produire cette énergie, selon cet expert.

Avec l’Allemagne qui veut décarboner son économie, le gouvernement de Berlin aspire à une coopération prometteuse avec le Maroc en matière d’exportation de l’hydrogène. Mais, «il faut accélérer la réalisation de projets et avancer en mettant en place tout l’environnement nécessaire et l’implication du secteur privé». Badr Ikken reconnaît néanmoins que les chantiers ont été retardés à cause, entre autres, de la pandémie de Covid-19.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Abderrahim Et-Tahiry
Le 01/09/2022 à 08h33