Industrie automobile: la recette de l'IMIS pour tirer profit des mutations internationales

Un ouvrier travaille sur une chaîne de montage automobile à l'usine Renault de Melloussa, près de Tanger, le 12 mars 2018. 

Un ouvrier travaille sur une chaîne de montage automobile à l'usine Renault de Melloussa, près de Tanger, le 12 mars 2018.  . Fadel Senna / AFP

L’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS) a dévoilé, ce lundi 25 avril 2022, sa dernière étude sur l’industrie automobile nationale. Comment le Maroc peut-il tirer parti des mutations en cours dans le secteur et se positionner comme un acteur régional de premier plan? Le point sur les recommandations de l’IMIS.

Le 25/04/2022 à 17h35

Intitulée «Quel positionnement d’avenir pour l’industrie automobile marocaine?», l'étude de l'Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS) qui analyse les effets des transformations digitales, écologiques et sociétales sur l’industrie automobile mondiale, accélérés à la fois par le contexte post-pandémique et la reconfiguration géopolitique à l’œuvre, met en avant le potentiel de l’industrie nationale et les opportunités à saisir pour attirer davantage de constructeurs et de fournisseurs de premier rang.

Premier producteur africain avec une capacité de production installée de 700.000 véhicules par an, le secteur génère annuellement 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’export. L’industrie automobile nationale a également permis la création de près de 117.000 emplois directs entre 2014 et 2018 avec plus de 200 équipementiers automobiles installés pour un taux d’intégration avoisinant les 60%. L’objectif est d’atteindre les 86% à l’horizon 2025.

Grâce à ses performances, le Maroc a intégré le top 15 des constructeurs automobiles mondiaux et a rejoint en 2021 le club fermé des pays où les moteurs sont fabriqués et montés. De nouvelles voies de développement s'ouvrent désormais au Royaume pour développer son industrie automobile, il s’agit notamment de la reconfiguration des chaînes mondiales de valeur et la relocalisation pour l’Europe de ses achats stratégiques auprès des pays voisins.

Bénéficiant d’une position géographique stratégique à la jonction de l’Europe et de l’Afrique, à l’intersection de la mer Méditerranée et de l’océan Atlantique, le Maroc dispose d’avantages comparatifs lui permettant d’être un acteur clé des filières industrielles régionales.

Le Maroc offre en effet des conditions matérielles et fiscales avantageuses pour les industriels étrangers: une ressource importante, qualifiée et à un coût relativement faible, des infrastructures de rang mondial notamment en matière de logistique à Tanger Med, une plateforme industrielle existante, la possibilité d’exporter à partir des zones franches et sans droits de douane via l’admission temporaire en plus des avantages en matière de rapatriement des dividendes dans les sièges sociaux étrangers.

Face au défi de compétitivité économique décarbonée, le rapport identifie les mix motorisation/énergies à privilégier par les industriels installés au Maroc pour positionner le pays en «front-runner» au niveau mondial et l’ériger ainsi en plateforme de jonction UE-Méditerranée-Afrique sur les questions énergétiques et environnementales.

Les experts de l’IMIS identifient par ailleurs une fenêtre de tir relative à la transformation digitale du secteur, notamment les opportunités d’investissement en recherche et développement que présente le rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, pays considéré comme laboratoire de l’industrie automobile du futur. Autre enjeu pour cette industrie: l’émergence du capital-investissement au Maroc. Dans ce sillage, le rapport met en lumière la nécessité de renforcer le développement inclusif du secteur et d'accroître sa souveraineté industrielle. Cette étude a été réalisée sous la direction du professeur Ahmed Azirar, directeur de recherche au sein de l’IMIS avec la participation de Hafsa El Bekri, enseignante-chercheure en économie internationale, et Hicham Sebti, enseignant-chercheur en management.

Par Safae Hadri
Le 25/04/2022 à 17h35