La CDG laissera des plumes dans le Club Med

Anas Alami, ancien DG de la CDG.

Anas Alami, ancien DG de la CDG. . Brahim Taougar le360

La vente programmée par la Caisse de dépôts et de gestion (CDG) de ses actions dans le groupe de loisirs français se traduira par une moins-value de près de 300 millions de dirhams.

Le 16/08/2014 à 19h00

Le suspens touche à sa fin dans le feuilleton de l’OPA sur le Club Med qui se joue dans l’Hexagone. Le consortium composé de Gaillon Invest et le conglomérat chinois Fosun, a retiré son offre face à la surenchère menée par le groupe italien Bonomi et dont la proposition a été jugée recevable, mercredi 13 août, par l’Autorité des marchés financiers français. A travers son véhicule d’investissement Global Resorts, le groupe Bonomi a proposé un prix aux actionnaires 32% plus cher que ce qu’offrait le duo franco-chinois, aujourd’hui hors course. La validation de cette offre constitue une bonne nouvelle pour la Caisse de dépôt et de gestion (CDG). Actionnaire important du Club Med depuis 2006 via sa filiale CMVT international (ex-Fipar), le bras financier de l’Etat ne cache plus sa volonté de se désengager de cette participation dont la valeur a dégringolé au lendemain de la crise financière mondiale de 2008. Il l’a d’ailleurs confirmé durant le dernier conseil d’administration de Club Med, tenu à Paris le 25 juillet dernier, pour examiner les deux offres concurrentes.

Dans le communiqué suivant cette réunion, on peut lire cette phrase qui renseigne sur la position du groupe marocain. "Souhaitant rendre liquide sa participation, en l’état des offres concurrentes et du marché, CMVT International, représenté par Amine Benhalima, a indiqué au conseil d’administration avoir l'intention d'apporter ses titres à l'offre la mieux disante". Contactée par Le360, une source autorisée à la CDG apporte néanmoins une petite nuance : "Peut-être qu’on n’apportera pas la globalité de notre participation à cette offre. Les modalités de sortie sont encore à l’étude", nous assure-t-elle.

Un mal pour un bien !

Mais si le bras financier de l’Etat traîne pour prendre sa décision, c’est qu’il nourrit secrètement l’espoir de voir apparaître une nouvelle OPA sur le Club Med encore plus attractive. La presse française se fait l’écho de rumeurs évoquant "l'entrée en lice d'un industriel qui appuierait une contre-offre préparée par Henri Giscard d'Estaing, le PDG du Club Med, et des cadres de l'entreprise". Car si la CDG se désengage au prix proposé par Boloni, elle réalisera une moins-value considérable. Les 10% acquis initialement dans le club Med lui avait coûté près d’un milliard de dirhams, aujourd’hui elle ne pourra encaisser pour les 7,1% qu’elle détient encore que 530 millions de dirhams, sachant qu’elle s’était déjà délestée d’environ 3% pour environ 100 millions de dirhams. Les analystes estiment ainsi la plus-value que devrait accuser la CDG aux alentours de 300 millions de dirhams. "Mais cette dépréciation de la valeur des titres Club Med avait déjà été provisionnée dans les comptes de CMVT International", nous explique un analyste. Avec cette transaction, il y a même lieu d’enregistrer un résultat exceptionnel dû à la reprise d’une partie des provisions".

La CDG aura donc payé assez cher son séjour dans le tour de table du Club Med. Mais cette aventure lui aura au moins permis d’explorer le secteur touristique avec un partenaire de premier choix. De plus, la Caisse avait fait des bonnes affaires avec le groupe de loisirs français : elle est propriétaire des murs de trois Club Med installés au Maroc, dont celui qui est aujourd’hui en chantier à Oued Chbika.

Par Fahd Iraqi
Le 16/08/2014 à 19h00