La CGEM veut surveiller les retards de paiement

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Revue de presseKiosque360. Le patronat vient de créer une commission dédiée aux délais de paiement. Elle devra d’emblée s’attaquer aux abus des grandes entreprises, dont les impayés impactent la trésorerie des petites structures.

Le 16/07/2018 à 23h07

La CGEM veut s’attaquer au fléau des délais de paiement. Ce dossier constitue une des priorités de la nouvelle équipe que préside Salah Eddine Mezouar. Comme l’annonce L’Economiste dans son édition du jour, une commission vient d’être dédiée à ce dossier.

Placée sous l’autorité d’un vice-président, signe de l’importance du sujet, celle-ci «sera jugée sur sa capacité à «apporter une solution définitive et acceptable à la problématique des retards de paiement», relève le quotidien. Il estime que si «la CGEM veut vraiment s’attaquer au problème des délais de paiement, elle devra s’attaquer aussi à ces grandes entreprises qui pratiquent une forme de chantage envers leurs fournisseurs. Elle ne doit pas ne se focaliser que sur les marchés de l’Etat».

Il faut dire que les grandes entreprises font la loi. «Leur délai client moyen est de 3 ou 4 mois pour un délai fournisseur de 4 ou 3 mois». Sauf qu’il ne s’agit que d’une moyenne puisqu’en réalité, les «petits prestataires» de ces grandes entités n’ont souvent pas droit au chapitre. Ils n’ont pas la possibilité de protester au risque de se voir rayés de la liste des fournisseurs. Ils peuvent encore moins appliquer la pénalité que prévoit la loi dans le cas des retards de paiement.

L’Economiste cite les cas de nombreuses PME dans les BTP qui doivent «affronter la mauvaise foi de certains donneurs d’ordre à l’image de cet opérateur télécoms qui aurait décidé de suspendre tout paiement de ses fournisseurs en attendant qu’il achève l’audit de ses achats» depuis plus de deux ans. Il y a aussi la grande distribution dans laquelle les délais fournisseurs culminent à plus de 9 mois et même 1 an dans certains cas, alors que les excédents en cash sont importants.

Les petites entreprises sont ainsi devenues, par la force des choses, les prêteuses des plus grandes. Elles sont même leur première source de financement. Le journal parle d’un montant dépassant les 387 milliards de dirhams en 2016, en augmentation de 45% depuis 2010. Le pire est que cette spirale ne cesse de s’alimenter puisque l’entreprise qui n’est pas réglée par son client ne pourra pas régler son fournisseur et ainsi de suite.

Ce qui se traduit pas une très forte pression sur les TPME qui, comme le remarque L’Economiste, «n’enregistrent le chiffre d’affaires qu’à la date du règlement effectif par le client plutôt qu’à la date de facturation». Il faut dire que les niveaux de retard de paiement deviennent intenables avec une moyenne de 10 mois. Il s’agit sans nul doute de «la première cause de défaillance et de mortalité des petites entreprises au Maroc».

Par Rachid Al Arbi
Le 16/07/2018 à 23h07