La dernière sortie du Trésor à l’international soulage le marché domestique

DR

En levant 27 milliards de dirhams en devises sur le marché international, le Trésor à considérablement atténué la pression sur le marché de la dette domestique, mettant un terme à la tendance haussière des taux. Eclairages.

Le 18/12/2020 à 14h39

La récente émission obligataire du Trésor sur le marché international de 27 milliards de dirhams constitue un matelas confortable pour débuter l’année 2021, estiment les analystes d'Attijari Global Research (AGR). Cette levée record en devises est aussi de nature à atténuer les pressions récentes sur les taux obligataires.

Cette opération permettrait au Trésor de largement financer ses besoins d’ici la fin de l’année, indique AGR dans son dernier «Budget focus», sous ce titre: «Sortie à l'international: le marché domestique reprend son souffle».

Les analystes d’AGR, prévoient par conséquent «une inversion de la tendance haussière des taux en raison d’un recours nettement moins prononcé du Trésor au marché intérieur». 

Mardi dernier, lors de la dernière séance d’adjudication du Trésor sur le marché domestique, cette inversion de la tendance haussière des taux s’est vérifiée: le taux à 52 semaines a reculé de 24 points de base, tandis que le taux à 2 ans a baissé de 31 points de base.

La dette extérieure grimpe de 25%Dans un contexte marqué par un creusement du déficit budgétaire à fin 2020, la hausse de la dette du Trésor devrait se poursuivre pour atteindre 831 milliards de dirhams, au terme de cette année, estiment les analystes d'AGR.

La dette intérieure devrait atteindre 628 milliards de dirhams en 2020, en hausse de 7,1% par rapport à son niveau observé en 2019, alors que la dette extérieure du Trésor augmenterait de 25,4% à 203 milliards de dirhams. Tenant compte des deux sorties du Trésor à l'international en 2020, le financement extérieur devrait dépasser le niveau prévu par la loi de finances rectificative, soit 43,6 milliards de dirhams.

Ainsi, la part de la dette extérieure devrait dépasser 24% de la dette globale du Trésor en 2020, contre une moyenne de 21,4% durant la période 2017-2019.

Cette hausse importante de la dette en devises n’inquiète pas pour autant les analystes d’AGR. «En dépit de cette accélération du financement en devise, le poids de la dette extérieure dans l'endettement global du Trésor en 2020 demeure en ligne avec son benchmark de référence. Celui-ci s'établit à 25%-75% entre endettement extérieur et intérieur», soulignent-ils.

De même, AGR fait remarquer que compte tenu d'un «effet ciseaux» négatif entre rallongement de la dette du Trésor en 2020 et rétraction du PIB en valeur durant la même période, l'endettement du Trésor devrait dépasser considérablement les niveaux recommandés par les critères de convergence, soit de 60% du PIB. En effet, le taux d'endettement du Trésor devrait dépasser, selon les estimations, le seuil des 78% en 2020 après s'être établi à 64,9% en 2019, indique la même source, rappelant que celui-ci aurait déjà atteint 76,1% en novembre 2020.

Rapporté au PIB, l'endettement intérieur devrait croître de 8,2 pts à 59,1% en 2020, alors que le taux d'endettement extérieur évoluerait au-dessus du seuil des 19% en 2020.

Par Amine El Kadiri
Le 18/12/2020 à 14h39