Le discours royal souligne le rôle déterminant des EEP dans la relance de l'économie

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Dans le discours du Trône, le roi Mohammed VI a ordonné la création d’une agence nationale publique pour gérer les participations de l’Etat et suivre la performance des établissements publics. Les établissements et entreprises publics (EEP) sont au cœur de la relance de l'économie. Analyse.

Le 01/08/2020 à 12h21

Le roi Mohammed VI, dans son discours du Trône, a appelé à «une réforme profonde du secteur public» qui «doit être lancée avec diligence pour corriger les dysfonctionnements structurels des établissements et des entreprises publics, garantir une complémentarité et une cohérence optimales entre leurs missions respectives et, in fine, rehausser leur efficience économique et sociale».

A cette fin, le roi a ordonné «la création d’une Agence nationale dont la mission consistera à assurer la gestion stratégique des participations de l’Etat et à suivre la performance des établissements publics».

Cette nouvelle orientation royale signe un tournant décisif dans la gestion de ce secteur hautement stratégique pour le Royaume. Elle ouvre une nouvelle dynamique de réforme des établissements et entreprises publics (EEP), notamment au niveau de leur gouvernance et de leur pilotage stratégique.

Un secteur qui contribue à hauteur de 8% du PIB

La valeur ajoutée du secteur des EEP a représenté environ 8% du Produit intérieur brut (PIB) à fin 2019. Elle devait atteindre 92,64 milliards de DH, selon une projection du ministère des Finances indiquée dans le rapport financier accompagnant la loi de finances 2020, contre 81,26 milliards de DH en 2018 et 80 milliards en 2017.

La période 2020-2022 devait enregistrer, toujours selon cette projection du ministère des Finances, «une progression favorable de la VA du secteur des EEP».

Les vents ont certes tourné avec la crise de Covid-19, mais le rôle des EEP, en tant qu’acteurs et accompagnateurs importants de la dynamique de l’Etat pour moderniser l’économie nationale et diversifier ses moteurs de croissance, ne cessera de grandir à l’avenir.

Les EEP sont présents dans la majorité des secteurs d’activité économique et sociale et sont initiateurs de plusieurs projets structurants, notamment l’infrastructure, l’énergie, l’agriculture, la pêche maritime, l’éducation, l’enseignement, la formation professionnelle, la santé, le tourisme, l’industrie, la logistique et les services financiers.

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«Les investissements des EEP ont permis de doter le Royaume d’infrastructures de qualité, ce qui a constitué un facteur déterminant dans le décollage de plusieurs branches d’activité», souligne-t-on dans le rapport financier des établissements et entreprises publiques accompagnant la loi de finances pour l’année 2020.

Selon Hassan El Basri, un ex de la direction du budget et du Trésor, ex-DG du groupe Banque Populaire et actuel expert financier et économique, "l'exemple le plus emblématique de cette contribution de valeur de quelques EEP dans la croissance économique du Royaume est le groupe OCP qui a su performer en développant ces activités et en créant un écosystème autour de ses implantations à travers le pays"

Ce même rapport relève que «les stratégies sectorielles engagées par l’Etat sont fortement prises en charge par les EEP et couvrent pratiquement tous les secteurs clés de l’économie: énergie, infrastructures, agriculture, pêche maritime, tourisme, industrie, promotion des exportations, logistique, transport ou encore formation professionnelle».

Les EEP sont le premier investisseur public devant l’Etat

Le rapport financier 2020 sur les EEP note en outre que «cet ancrage croissant a eu pour conséquence l’instauration d’une dynamique qui a consolidé leur part dans la création des richesses. Les EEP sont devenus le premier investisseur public devant l’Etat et les collectivités territoriales».

Les investissements réalisés par les EEP marquent depuis 2019 une stabilisation à un palier avoisinant les 100 milliards de DH. «Pour les exercices 2020 et 2021, les investissements prévisionnels des EEP seraient de 100,44 milliards de DH et 91,52 milliards, respectivement», selon les projections faites par le ministère des Finances en début d’année. Ce niveau est maintenu et même légèrement renforcé dans la loi de finances rectificative.

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Les EEP sont aussi parties prenantes dans les programmes de développement lancés au niveau territorial, contribuant ainsi efficacement à l’ancrage de la régionalisation avancée. Ces entités représentent 64% du portefeuille public.

Pilotage stratégique et gouvernance à améliorer

L’inventaire des EEP, arrêté à fin septembre 2019, fait ressortir l’existence de 225 établissements publics (EP) et 43 sociétés anonymes à participation directe du Trésor. S’y ajoutent 479 filiales ou participations dont 54% sont détenues majoritairement par des EEP dans le cadre des partenariats public-privé.

Leur apport au développement socioéconomique du Royaume est indéniable. Mais ils peuvent faire mieux et rapidement, s’ils sont dotés de modes de gouvernance adéquats, de stratégies claires et coordonnées avec l’Etat ou encore l’accès aux financements suffisants.

Dans un rapport de la Cour des comptes intitulé «Le secteur des établissements et entreprises publics au Maroc: ancrage stratégique et gouvernance», on relève que «pour que la fonction de l’Etat actionnaire soit convenablement assurée et suffisamment visible, il faudrait l’individualiser de manière à l’isoler des autres attributions de la tutelle financière (du ministère des Finances, Ndlr) et du contrôle financier en la logeant dans une structure qui lui est spécialement dédiée».

La haute orientation royale trouve ainsi tout son sens dans l’actuelle conjoncture. Car les problématiques liées au dimensionnement du secteur des EP, à son pilotage stratégique, à ses relations avec l’Etat et à sa gouvernance demeurent d’actualité. Leur implication dans l’économie nationale devrait prendre ainsi un nouvel envol, celui de locomotive au service des choix stratégiques de développement du Royaume, dans une démarche cohérente et complémentaire.

Par Bouchaib El Yafi
Le 01/08/2020 à 12h21