Mohammed Jadri: «Les IDE, premiers bénéficiaires de la reprise des relations Maroc-Espagne»

Mohammed Jadri, économiste, revient sur les principaux manques à gagner de la crise entre le maroc et  l'Espagne et les secteurs prioritaires qui vont profiter de la reprise.

Mohammed Jadri, économiste, revient sur les principaux manques à gagner de la crise entre le maroc et  l'Espagne et les secteurs prioritaires qui vont profiter de la reprise. . Abderrahim Et-Tahiry / Le360

Le 07/04/2022 à 16h21

VidéoEconomiste, Mohammed Jadri analyse pour Le360 les principaux manques à gagner de la crise entre les deux pays et les secteurs prioritaires qui vont profiter de la reprise. Pour lui, la contrebande, c’est (déjà) de l’histoire ancienne.

Il faut préciser que des deux côtés, les pertes ont été accentuées par l’impact économique de la pandémie. Malgré cela, les échanges commerciaux ont été maintenus et ont même enregistrés un bond important, totalisant en 2021 des importations espagnoles du Maroc établies à 7,5 milliards d’euros et des importations marocaines fixés à 9,5 milliards d’euros.

Du manque à gagner suite à la rupture passée entre le Maroc et l’EspagneEn dehors de cela, le principal manque à gagner pour l’Espagne a été le fermeture des frontières maritimes et l’annulation de l’opération Marhaba, qui profite à tout le sud espagnol. Sur ce registre, les pertes sont estimées à 500 millions d’euros. Ajoutons à cela les touristes marocains qui ont déserté la Costa Del Sol et nous nous retrouvons facilement avec quelque 1,5 milliard d’euros de pertes en 2021.

Pour le Maroc, c’est la baisse des investissements directs espagnols qui aura été le plus ressentie puisque l’Espagne est passée de la 3e à la 8e position sur ce registre. L’Espagne qui reste cependant le premier fournisseur du Maroc et son premier client.

Des premiers secteurs concernés par la reprise des relationsDes impacts immédiats de cette reprise des relations entre le Maroc et l’Espagne devraient être enregistrés sur le tourisme chez nous, à la faveur de la reprise des liaisons maritimes. Il y a aussi un bond à prévoir en matière d’investissements, notamment dans les secteurs touristique, immobilier et celui des énergies renouvelables.

L’Espagne attend également beaucoup du Maroc sur le registre du continent africain puisqu’elle ambitionne également de s’y frayer une place. Le rôle du Maroc sur ce volet est essentiel.

De la reprise des liaisons maritimes et d’opérations comme MarhabaCette reprise va non seulement faciliter la vie aux Marocains résidant en Europe et qui vont pouvoir rentrer au pays dans de bonnes conditions et à moindre coût, mais aussi booster le tourisme en provenance d’Espagne. Sans parler de la baisse prévue des coûts du fret espérée tant pour le Maroc que pour l’Espagne.

De la crainte d’un retour de la petite contrebande avec la réouverture des frontières terrestresLe risque est minime sur cette question. Le Maroc a décidé d’en finir avec la contrebande sur ses frontières bien avant l’éclatement de la crise entre le Maroc et l’Espagne. Ceci, notamment, par la mise en place de zones d’activités économiques à Fnideq et Nador, une alternative tant pour les petits commerçants qui vivaient de contrebande que pour les grossistes.

N’oublions pas qu’en parallèle, le Maroc a déployé tout un arsenal de mesures d’accompagnement, que ce soit dans le cadre de l’INDH, d’Awrach ou de Forsa, à même de profiter à ces catégories et les sortir de la précarité. Il y aura encore de la contrebande, mais à très petite échelles et cela devrait concerner les boissons alcoolisées ou certains médicaments. Sortir de la contrebande était en tout cas prévu et, grâce à la pandémie, le Maroc a réalisé en 2 ans ce qui était programmé en 5 ans.

Par Tarik Qattab et Abderrahim Et-Tahiry
Le 07/04/2022 à 16h21