Pénurie sans précédent et inquiétante de médicaments au Maroc

Les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et la suppression d’une taxe ont plongé le Maroc dans une pénurie sans précédent de médicaments

Revue de presseLes tensions sur les chaînes d’approvisionnement et la suppression d’une taxe ont plongé le Maroc dans une pénurie sans précédent de médicaments. Au mois de mars, quelque 1.200 médicaments, soit 19,3 % des 6.211 références disponibles, ont manqué sur les étagères des pharmacies. Cet article est une revue de presse tirée de Jeune Afrique.

Le 01/05/2024 à 20h30

La pénurie est sans précédent. Les pharmacies font face à des ruptures de stocks de produits importés. Au mois de mars, quelque 1.200 médicaments, soit 19,3 % des 6.211 références disponibles, ont manqué sur les étagères des pharmacies, alerte le mensuel Jeune Afrique.

Parmi les médicaments qui manquent à l’appel, le Levothyrox prescrit dans le traitement des troubles thyroïdiens. «Le Royaume est touché par la tension croissante autour de ses chaines d’approvisionnement, accentuée par les récents conflits dans le monde, notamment la guerre en Ukraine et la volatilité des prix des carburants consécutive», explique le magazine.

Mais Layla Laassel Sentissi, directrice générale de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique (Fmiip), parle, elle, de brèves ruptures de stocks. Pour elle, il s’agit des médicaments importés depuis l’Europe objets de «soucis» au niveau de l’approvisionnement en matières premières. En cause, les Européens relocalisant leurs productions au lieu de dépendre de pays comme la Chine et l’Inde; et ces changements créent des retards dans les livraisons de médicaments.

«Autre raison de la tension: la suppression de la TVA de 7% sur les médicaments. Une exonération qui a obligé les industriels à rappeler les produits pour procéder à un réétiquettage des emballages. Cette opération, qui s’est achevée le 31 mars dernier, a retardé les livraisons des médicaments aux officines», lit-on encore.

Les traitements manquants sont brevetés ou à base de biotechnologies, et ne peuvent donc pas être produits dans le pays. Autre difficulté, la loi de l’offre et de la demande. Pour Layla Laassel Sentissi, «le volume dont le Maroc a besoin actuellement ne justifie pas un investissement de la part des groupes pharmaceutiques locaux».

«Deuxième industrie chimique du Royaume, après le phosphate, la filière pharmaceutique représente 1,5% du PIB marocain. La quarantaine de laboratoires présents, dont Sanofi, Sothema et Roche, exploitent 54 sites de fabrication. Entre 7 et 8% de la production est exportée vers l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient. Un secteur qui a fait ses preuves lors de la pandémie de Covid-19», souligne Jeune Afrique.

Le Maroc a, dès 2022, fait le choix de constituer des stocks stratégiques de médicaments essentiels, mais l’état de ces réserves reste inconnu. Le ministère de la Santé et la Direction du médicament et de la pharmacie restent silencieux, déplore le mensuel panafricain.

Par Lamia El Ouali
Le 01/05/2024 à 20h30