RAM cherche commandant à bord

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Le rejet par l'association des pilotes de ligne, à l’issue d'un vote hier, de l’accord de paix sociale et salariale avec leur employeur RAM remet le compteur à zéro. Il ramène même les négociations à la case départ. Un gâchis.

Le 22/09/2018 à 17h38

Des dizaines de réunions, pas moins de sept assemblées générales de l’Association Marocaine des Pilotes de Ligne, une série de grèves annoncées ou déguisées, des centaines de vols annulés en pleine haute saison, des pertes financières colossales, une image écornée tant de la compagnie que des pilotes... Sans compter l’intervention de deux ministres (Intérieur et Tourisme) pour enfin parapher un accord, le 14 août dernier, qui était censé mettre fin à une tension qui aura duré près de deux ans...

Alors qu’on croyait la page tournée, le vote par les membres de l'AMPL, hier, vendredi 21 septembre, est venu nous rappeler que le moment de fermer cette plaie ouverte entre la compagnie et ses pilotes n’est toujours pas venu. Faut-il y voir un désaveu, voire un vote sanction contre le bureau sortant de l’AMPL, qui a conduit les négociations jusqu’à la ratification de l’accord du 14 août dernier?

«Nous sommes un bureau exécutif et pas un parti politique. Nous avons une obligation de moyens et non pas de résultats. D’un point de vue pragmatique, l’accord était acceptable, mais le dernier mot revient à l’assemblée générale», explique un pilote de RAM, membre de l’équipe à la tête de l’AMPL. Selon lui, les pilotes ont voté contre un contexte global, contre une campagne médiatique et aussi contre la direction de la compagnie qui, à aucun moment, n'a voulu défendre ses pilotes au plus fort de la crise.

Sur un total de 426 voix exprimées, 359 pilotes, soit 84%, ont finalement voté contre cet accord conclu le 14 août dernier. Un score rarement atteint lors des précédentes consultations. «Nous n’avons pas donné de consignes de vote», insiste-t-on du côté du bureau de l’AMPL, en réponse aux accusations reprochant à certains dirigeants influents d’avoir mené campagne contre cet accord.

Mais à présent que le jeu démocratique a penché vers le «non», la balle est désormais entre les mains du prochain bureau de l’association. Ce dernier n’aura pas de choix autre que de prendre en considération les résultats de ce vote. D’ailleurs, c’est cette même majorité, qui vient d’exprimer hier son désaccord, qui va élire dans deux semaines le nouveau président de l’Association. Le vote pour le nouveau président de l'AMPL sera ouvert du lundi 24 septembre au vendredi 5 octobre prochain. 

Comme pour le PJD, le choix du président de l’AMPL obéit à un mécanisme de cooptation où personne n’a le droit de proposer sa propre candidature. Durant le temps des élections, l’AMPL se divise en petits groupes où chacun se verra défendre un candidat. Celui qui va obtenir le maximum de voix, dont le nom sera connu le 5 octobre prochain, devra par la suite choisir son équipe et présenter devant une assemblée générale un plan d’action pour un mandat qu'il assurera durant deux ans. C’est seulement à partir de ce moment-là qu’on en saura plus sur les véritables intentions des pilotes de RAM. Vont-ils à nouveau hausser le ton pour élever encore plus haut le plafond de leur revalorisation salariale? D'ici là, wait and see. 

Par Wadie El Mouden
Le 22/09/2018 à 17h38