SAMIR-BNP Paribas: 22,674 millions de dollars de créances non honorées

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Ces créances entrent dans le cadre d’un contrat de crédit conclu en février 2013 entre la SAMIR et BNP-Paribas. La SAMIR compte sur un nouveau planning de remboursement de cette créance, une fois l’augmentation du capital réalisée.

Le 19/10/2015 à 10h16

L’Assemblée générale extraordinaire (AGE) de la SAMIR réunie le vendredi 16 octobre dernier a acté l’augmentation du capital du raffineur pour un montant de 10 milliards de dirhams.

Si le marché attend encore des détails sur les modalités de réalisation de cette opération, les créanciers peaufinent déjà leurs dossiers afin de récupérer au moins une partie de leur dette auprès de la société. C’est le cas de BNP Paribas. En effet, d’après des données dont dispose Le360, il y ressort que la SAMIR n’a pas honoré une dette en principal de 22,5 millions de dollars envers BNP-Paribas.

Cette créance rentre dans le cadre d’un contrat signé entre les deux partenaires en février 2013 relatif à une facilité non confirmée d’émission de crédits documentaires, de refinancement de crédits documentaires et de mise à disposition d’avances à terme. Un contrat qui a été depuis amendé à plusieurs reprises par un accord de prorogation de terme et d’échelonnement (août 2014), puis par un accord de rééchelonnement (février et mars 2015) et un nouvel accord de rééchelonnement (juillet 2015).

Et selon BNP-Paribas, lors de ce dernier accord de rééchelonnement, le raffineur s’était engagé à rembourser ses créances en 5 échéances mensuelles de 4,5 millions de dollars chacune, avec une première tranche de 4,63 millions de dollars (dont les intérêts courus à cette date) à verser le 21 juillet 2015. Toutefois, la SAMIR n’a pas effectué le règlement de cette échéance à la date convenue. En tenant compte des intérêts courus, cette créance s’élevait au début du mois d’août à 22,674 millions de dollars.

Face à cette situation, le groupe français avait adressé à la SAMIR une lettre de mise en demeure le 3 septembre dernier.

Pour justifier ce non-remboursement, la SAMIR avance le blocage actuel de ses comptes bancaires empêchant d’effectuer le transfert nécessaire à l’exécution de ce règlement. Et afin de rassurer son créancier, le Directeur général de la SAMIR avait expliqué l’engagement de l’actionnaire principal, Corral Petroleum Holding d’injecter des fonds dans le cadre d’une augmentation de capital et a sollicité l’accompagnement de la banque française «durant cette phase sensible en sursoyant à toute action pouvant déstabiliser ce processus». Les deux partenaires devraient négocier un nouveau planning de remboursement.

En attendant, le raffineur a du pain sur la planche pour renégocier avec tous ses créanciers locaux et étrangers. Si les locaux ont pris certaines précautions en opérant des saisies conservatoires sur les actifs de la SAMIR pour défaut de paiement, pour les créanciers étrangers la situation sera plus compliquée.

Une seule certitude, tout le monde a intérêt à voir la raffinerie redémarrer le plus rapidement possible? afin qu'elle puisse générer du cash pour rembourser ses créanciers. Seulement, cette opération de redémarrage nécessitera aussi des crédits pour l’approvisionnement en brut. Les fonds propres constituent une certaine assurance certes, mais qu'en est-il de la gouvernance de l’entreprise qui semble toujours bénéficier de la confiance de l’actionnaire de référence mais pas des créanciers ?

Par Moussa Diop
Le 19/10/2015 à 10h16