Vidéo. Marché des capitaux. OPCI: un potentiel de 200 milliards de dirhams désormais activé

adil gadrouz

Lancé, le marché de la pierre-papier est promis à un bel avenir au Maroc. Le potentiel du nouvel instrument des OPCI (Organismes de placement collectif immobilier) est estimé à environ 200 milliards de dirhams rien qu’au titre du segment «marché de bureaux ». Les détails.

Le 11/06/2019 à 12h06

Les conditions pour garantir l’essor des Organismes de placement collectif immobilier (OPCI) sont toutes réunis, a affirmé le ministère de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, à l’ouverture de la Conférence de lancement de l’activité des OPCI, ce mardi 11 juin à Rabat. Celle-ci intervient suite à l’achèvement des textes règlementaires nécessaires à la mise en application des OPCI. Le cadre fiscal a été complété et amélioré dans le cadre de la Loi des finances 2019. A son tour, le cadre comptable a été finalisé et sera soumis à l’approbation du Conseil national de la comptabilité prévu en octobre prochain, ajoute l’argentier du royaume.

L’activité des OPCI est promise à un bel avenir au Maroc. A en croire le ministre des Finances, le potentiel de ce segment est estimé à environ 200 milliards de dirhams, uniquement au titre du segment «marché de bureaux ». Le retail (centres commerciaux, malls,…), l’hôtellerie et les résidences touristiques, les entrepôts et pôles industriels, etc, offrent également des opportunités de développement non moins importantes.

«L’avènement des OPCI constitue une étape majeure dans la mise en œuvre de la nouvelle vision de développement d’un marché des capitaux contribuant activement au financement de l’économie», souligne Nezha Hayat, présidente de l’Autorité marocaine du Marché des Capitaux (AMMC).

Les OPCI sont des véhicules d’investissement réglementés dont l’objet est l’acquisition ou la construction d’immeubles en vue de leur location. Ils ont d’abord été développés aux Etas-Unis avec l’adoption du régime des Real estate investment trusts (REITS) lesquels ont connu un essor considérable atteignant en 2017 une capitalisation de 1.000 milliards de dollars, soit les deux tiers de la capitalisation mondiale des REITS.

En Europe, ces instruments d’investissements en immobilier ont été développés plus récemment. A titre d’exemple, la France a adopté le régime des SIIC (Sociétés d’Investissement en Immobilier cotées) en 2003, puis celui des OPCI en 2007. Dès son lancement, l’OPCI a connu une croissance extrêmement rapide (+700% entre 2014 et 2018).

Le Maroc est aujourd’hui le 38è pays à mettre en place un régime pour les véhicules d’investissement immobilier et le troisième en Afrique.

«A ce jour, plusieurs opérateurs ont d’ores et déjà déposé des dossiers de demande d’agrément en tant que sociétés de gestion d’OPCI. Ces demandes sont en cours de traitement par l’AMMC et les premiers agréments seront prononcés dans les prochaines semaines par l’AMMC», précise la patronne des gendarmes du marché marocain des capitaux. 

Une deuxième circulaire de l’AMMC portant sur l’agrément et le fonctionnement de l’OPCI en tant qu’instrument de placement réglementé est en cours de validation finale au niveau du secrétariat général, du gouvernement, poursuit Nezha Hayat.

Ce nouvel instrument de placement à long terme réglementé est très attendu par les investisseurs en quête de nouveau papier qui trouveront dans l’OPCI un nouvel instruddment de placement soumis au contrôle du régulateur mais également un moyen de diversifier leur portefeuille avec un placement sur une nouvelle classe d’actifs, la pierre-papier.

Avec les OPCI, les investisseurs auront accès aux avantages du marché immobilier sans contraintes, notamment la taille de l’investissement et les risques de liquidité et de concentration. Ils pourraient surtout s’en remettre à des sociétés de gestion spécialisées soumises à l’agrément et au contrôle de l’AMMC.

L’instrument des OPCI est également attendu par les entreprises qui détiennent des actifs immobiliers. Avec l’OPCI, elles peuvent externaliser leur immobilier d’exploitation qui devient ainsi la propriété d’un fonds d’investissement. Elles en deviennent donc les locataires.

Les entreprises continuent à exploiter le bien mais sans en supporter les coûts de gestion. La gestion des biens immobiliers est dorénavant assurée par des sociétés de gestion spécialisées. Le bilan des entreprises s’en trouve allégé, ce qui leur permet de dégager de nouvelles liquidités et, partant, de nouvelles sources de financement.

«Les expériences internationales ont démontré que les véhicules d’investissement immobilier réglementés ont fortement contribué au dynamisme et à la structuration des secteurs immobiliers. Ils ont joué un rôle important dans les externalisations des locaux détenus en propre par les entreprises permettant ainsi de mobiliser de nouvelles ressources pour le financement de l’investissement», témoigne la présidente de l’AMMC.

Par Wadie El Mouden et Adil Gadrouz
Le 11/06/2019 à 12h06