Vidéo. Pension de retraite exceptionnelle: Benkirane déballe tout...sauf le montant

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Rattrapé par une polémique sur sa pension de retraite exceptionnelle, Benkirane s’est longuement arrêté sur cette affaire lors d’un discours prononcé hier soir, depuis sa villa du quartier des Orangers à Rabat, devant les jeunes de son parti issus de la province de Fquih Ben Salah.

Le 22/01/2019 à 09h12

A en croire Abdelilah Benkirane, suite à son limogeage en mars 2017, il aurait perçu une indemnité de départ de l’ordre de 300.000 dirhams. Un montant qui n’aurait visiblement pas suffi à l’ancien chef de gouvernement, pour qu'il puisse maintenir son train de vie, désormais devenu coûteux.

Un an et demi après, nous sommes en septembre 2018, voyant sa situation financière se dégrader petit à petit, Benkirane est contraint d'émettre un signal de détresse: «Les quatre comptes bancaires que j’ai dû ouvrir par le passé, chacun pour une raison particulière, affichaient ensemble un total crédit de 10.000 dirhams». Pis, il ne peut accéder à la retraite réservée aux anciens ministres, les services de la Primature lui ayant signifié que ce ne serait pas possible avant début 2019.

Benkirane doit donc patienter encore trois mois. «Je me suis dit que d’ici la fin de l’année, et si je ne trouvais pas une solution, je serais obligé de demander la pension».

A noter que la pension ministérielle ne s’octroie pas de façon automatique: il faut d’abord que le ministre concerné exprime sa volonté d'en bénéficier auprès des services du ministère des Finances lequel, par le biais de la Direction générale des impôts, s’assure au préalable que le demandeur ne dispose pas d’autres revenus.

Le montant de la pension est plafonné à 39.000 dirhams pour les ministres et à 15.000 dirhams pour les secrétaires d’Etat. Entre-temps, Benkirane parvient à sauver les meubles en puisant dans les caisses du PJD. «J’ai récupéré les montants que j’avais avancés à mes propres frais quand j’étais chef du gouvernement», explique-t-il. 

Las, Benkirane envisage même de se convertir au monde des affaires. «J’allais à un moment donné prendre la gestion d’une entreprise partiellement détenue par des membres de la famille, mais l’offre qui m’a été proposée n’a pas été à la hauteur», a-t-il précisé. «Certains membres du parti ont eu écho de ma situation, puis vint la visite d'un conseiller du roi. La pension exceptionnelle m'a été accordée», révèle Benkirane.

Plusieurs estiment que la position de Benkirane aujourd’hui à l’égard de la retraite des ministres contredit complètement celle qu'il avait lui-même développée au début des années 2000, alors député, n’hésitant pas à intimider l’ancien ministre des Finances, Fathallah Oualalou, en l’interrogeant devant les caméras de la télévision nationale sur l’inopportunité des pensions octroyées aux anciens ministres.

Dans une vidéo remontant à l’an 2001, on le voit appuyer ses propos par une histoire de Omar Ibn Al-Khattab, compagnon du Prophète, qui disait à son ventre: «fais du bruit ou ne le fais pas, tu ne mangeras pas à ta faim avant les enfants des musulmans».

Visiblement gêné par cette vidéo, aujourd’hui devenue virale, Benkirane a tenté de se justifier hier soir, affirmant qu’il n’avait jamais demandé l’annulation des pensions ministérielles et que ses propos formulés voici 18 ans intervenaient après qu'il eut appris qu’un ministre retraité avait refusé de reprendre son travail, de peur de perdre sa pension!

Par Wadie El Mouden
Le 22/01/2019 à 09h12