Voici ce que pensent les industriels du nouveau modèle de développement

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Le Centre marocain de conjoncture (CMC) a mené une enquête auprès des chefs d'entreprises industrielles en vue de sonder leur opinion sur la pertinence d'un nouveau modèle de développement du Maroc. En voici les principales conclusions.

Le 18/06/2018 à 14h01

L’enquête du CMC fait ressortir que 97% des opérateurs industriels marocains pensent que le modèle de développement actuel a atteint ses limites. Cette quasi-unanimité des industriels à souligner la nécessité d’une transformation en profondeur du modèle de développement actuel s’explique, dans l’ordre, par:

- La persistance des inégalités sociales et territoriales;

- La faiblesse de la capacité de création d’emploi et l’aggravation du chômage;

- L’essoufflement de la croissance;

- La déficience du système de gouvernance;

- La faible diversification productive;

- L’insuffisance de la compétitivité et faiblesse du secteur exportateur;

- La faible convergence vers les pays émergents;

- L’attractivité et la faiblesse des rendements des investissements et la détérioration des équilibres financiers.

Interrogés sur les options stratégiques qui paraissent les plus adaptées au nouveau contexte, la proposition des industriels est majoritairement portée sur une stratégie combinant le développement du marché intérieur et l’intégration des marchés internationaux. En effet, 85,7% des opérateurs sondés ont fait ce choix contre seulement 28,6% se montrant favorables à une stratégie de compétitivité, d’ouverture, d’intégration des marchés internationaux et d’exportation. De leur côté, environ 12% des industriels privilégient une stratégie axée principalement sur le développement du marché intérieur.

La réussite d’une telle stratégie doit, selon les patrons marocains, s’appuyer en priorité sur le développement régional et la réduction des inégalités (75% des avis). L’amélioration des performances économiques et la convergence vers les standards des pays émergents viennent en second lieu, avec des scores respectifs de 59,5% et 54,8%.

Les leviers sur lesquels il faudrait agir pour relever ce défi sont classés par les chefs d’entreprises marocains selon l’ordre de priorité suivant:

1. Education, formation, renforcement des compétences et développement du capital humain2. Accélération des réformes visant notamment l’amélioration du climat des affaires, des performances de l'administration, du système fiscal, du système judiciaire et la décentralisation3. Amélioration du système de gouvernance4. Développement des infrastructures de base5. Promotion des activités de recherche & développement dans les secteurs public et privé6. Intensification de l’investissement et du processus d’accumulation du capital physique7. Amélioration de la compétitivité et intégration plus poussée des marchés internationaux à travers les flux de biens, services et capitaux8. Facilitation des moyens de financement de l’entreprise

Quid du rôle que l’Etat devrait jouer dans le nouveau modèle de développement? 66,7% des avis convergent vers l’idée d’un Etat facilitateur, régulateur, partenaire et accompagnateur des initiatives privées (rôle d’accompagnement). Un Etat intervenant par le truchement du secteur public dans l’économie (Etat développeur) n’est apprécié que par 23,8% des personnes sondées alors qu’un Etat fixant les choix stratégiques à long terme et les conditions de leur réalisation (Etat stratège) est évoqué par la moitié des opérateurs. Dans cette perspective, les dirigeants des entreprises industrielles se disent prêts à participer à une dynamique qu’impose l’évolution du modèle de développement de l’économie marocaine. Ils sont d'ailleurs tous unanimes à le confirmer.

Par Ayoub Khattabi
Le 18/06/2018 à 14h01