Voici les principaux risques qui menacent la stabilité financière au Maroc

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Niveau élevé des créances en souffrance, délais de paiement inter-entreprises inquiétants, niveau élevé de concentration des marchés de capitaux, etc. Tels sont les principaux risques soulevés par le dernier rapport sur la stabilité financière.

Le 07/07/2018 à 12h07

Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques a tenu le 05 juillet à Rabat sa septième réunion au siège de Bank Al-Maghrib (BAM) à Rabat. Composé des régulateurs du marché marocain des capitaux, notamment BAM, l’AMMC, l’Acaps, ainsi que le ministère des Finances, ledit comité a approuvé le rapport sur la stabilité financière relatif à l’exercice 2017. Il a été également question d’analyser la cartographie des risques systémiques ainsi que l’examen de l’état d’avancement de la feuille de route inter-autorités en matière de stabilité financière au titre de la période 2016-2018.

L’analyse de la situation du système financier au regard des tendances économiques et financières, observées et attendues, souligne le Comité dans un communiqué, a permis de dégager les principaux constats suivants:

- Le niveau des risques macroéconomiques demeure globalement modéré dans un contexte de raffermissement de l’activité économique mondiale. Au plan des conditions extérieures, le déficit du compte courant s’est allégé en 2017 à la faveur, notamment, de l’atténuation du déficit commercial ainsi que du renforcement des recettes de voyage et des transferts des Marocains résidant à l’étranger. Dans ces conditions, les réserves internationales nettes se sont établies à 240,9 milliards de dirhams en 2017 couvrant 5 mois et 21 jours d’importations de biens et services. Sur le plan intérieur, la croissance nationale s’est accélérée en 2017 à 4,1% après 1,1% en 2016, sous l’effet du rebond de la valeur ajoutée agricole et de la reprise, quoiqu’à un rythme lent, des activités non agricoles. Parallèlement, le processus d’ajustement budgétaire s’est poursuivi après l’arrêt observé en 2016. Quant à l’endettement du Trésor, son taux bien qu’en légère hausse en 2017 devrait s’inscrire dans une tendance baissière à compter de 2018. Au niveau des perspectives macroéconomiques, l’évolution de la croissance mondiale serait globalement favorable quoiqu’entourée de certains risques liés principalement à l’accentuation des tensions géopolitiques, à la montée du protectionnisme et aux difficultés politiques de certains pays européens. L’accroissement du PIB national devrait, quant à lui, évoluer à un rythme atténué à 3,6% en 2018 et 3,1% en 2019.

- Dans un contexte de lente reprise des activités non agricoles, le crédit bancaire aux entreprises non financières (ENF) s’est légèrement décéléré recouvrant essentiellement un ralentissement du crédit destiné aux entreprises publiques et une hausse modérée de celui accordé aux entreprises privées. Le taux de défauts des ENF demeure, quoiqu’en léger recul, à un niveau encore élevé.

- Sur la base d’une étude réalisée par Bank Al-Maghrib portant sur un échantillon d’environ 72.000 entreprises non financières privées et publiques dont les données ont été fiabilisées, les délais de paiement des créances inter-entreprises continuent d’afficher des niveaux élevés, notamment pour les TPME et certains secteurs d’activité. Cette situation constatée ces dernières années, accentue la pression sur les trésoreries des entreprises et appelle, encore une fois, à la mise en œuvre effective de la réforme du cadre législatif et réglementaire relatif aux délais de paiement.

- Le secteur des entreprises d’assurances dégage une marge de solvabilité, en couverture du risque de souscription, largement supérieure au minimum réglementaire. Néanmoins, le passage vers un régime prudentiel de solvabilité basée sur les risques devrait nécessiter la recapitalisation de certaines d’entre elles. Les plus-values latentes susceptibles d’être dégagées par les portefeuilles d’actifs de ces institutions ont de nouveau baissé en relation avec la contreperformance du marché boursier.

- La situation financière du secteur de la retraite continue d’être préoccupante eu égard aux déséquilibres techniques de certains régimes. En particulier, le régime des pensions civiles, dont la réforme a enregistré un retard important, a connu un deuxième déficit en 2015 et pourrait voir ses réserves s’épuiser en 2022.

- Les marchés des capitaux continuent de participer, mais encore de manière limitée, aux besoins de financement de l’économie. Leur niveau élevé de concentration constitue, de surcroît, un facteur de propagation des risques au sein du système financier appelant, entre autres, à l’aboutissement rapide des réformes prévues pour le développement de ces marchés.

Par Ayoub Khattabi
Le 07/07/2018 à 12h07