Casablanca: elles n’ont peur de personne en Harley Davidson

Miss Moto Maroc

Miss Moto Maroc . DR

Les membres du club Miss Moto Maroc ont fait l’objet d’un très bel article dans le journal britannique The Guardian. L’occasion pour elles de démonter les clichés de femmes marocaines oppressées, véhiculés par l’occident.

Le 17/03/2019 à 10h11

Quand elles défilent sur leur impressionnante Harley Davidson, toutes de cuir vêtues, l’étonnement des passants et des hommes assis au terrasse des cafés est au rendez-vous. Et pour cause, le spectacle de ces femmes n’est pas monnaie courante.

Miss Moto Maroc, c’est le premier club de bikers exclusivement féminin du Maroc, fondé par Dalila Mosbah.

Le club est également à l’origine d’un évènement annuel, March Moto Madness, qui se tient chaque année, à l’occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, et réunit pour l’occasion quelques 1000 motards, dont des hommes, qui défilent pour l’occasion dans les rues.

Dalila Mosbah explique au magazine: « c’est un club de femmes de tous les âges, aux parcours différents. La plus jeune d’entre nous a récemment obtenu son diplôme universitaire et la plus âgée est retraitée, tout comme moi, mais nous partageons la même passion pour les motos (de plus de 500 chevaux). Nous nous retrouvons régulièrement pour rouler ensemble, découvrir notre beau pays, ou tout simplement pour boire un café et discuter, comme aujourd’hui.»

Les grosses cylindrées demeurent un luxe que peu de gens au Maroc peuvent se permettre et le magazine de préciser que selon les dernières statistiques, plus de 4 millions de personnes au Maroc vivent dans la pauvreté. Malgré cela, la popularité des motos de ce type va crescendo: 31.353 véhicules de ce type ont été répertoriés au Maroc en 2010 contre 55.517 en 2016. Toutefois, seuls 1% de ces engins appartiennent à des femmes.

Dalila Mosbah explique avoir commencé à faire de la moto quand elle était adolescente avant d’arrêter pendant un temps. Puis, sa retraite prise en 2008, elle passe son permis moto pour pouvoir enfin réaliser son rêve de conduire une Harley Davidson.

Trois ans plus tard, en 2011, elle créée le club Miss Moto Maroc, après avoir parcouru en moto la légendaire route 66 aux Etats-Unis en compagnie de son mari et avoir été impressionnée par le nombre de motardes croisées lors de ce périple américain.

Si sa première motivation était de partager sa passion des motos avec d’autres femmes et encourager la gent féminine à enfourcher leurs montures pour faire un bout de chemin ensemble, elle est aujourd’hui plus que déterminée à tordre le cou aux clichés occidentaux selon lesquels les femmes musulmanes sont opprimées et faibles, et de démontrer ainsi que les femmes de son pays sont tous aussi libre qu’en Occident.

«Beaucoup d’étrangers pensent que les femmes arabes ont l’interdiction de faire quoique ce soit, mais ce n’est pas vrai» explique-t-elle. Et de poursuivre «les Miss Moto Maroc sont des femmes modernes. Nous ne sommes pas consignées à domicile, vêtues de djellabas et de foulards, réduites à cuisiner pour nos époux et nos enfants. Nous sommes bien plus que ça : nous ne couvrons notre visage que pour prendre du bon temps».

Toutefois, comme le confient certaines, les mentalités conservatrices représentent un frein à la pratique quotidienne de ce sport. Ainsi, l’une des membres du club, pharmacienne à Casablanca, explique ne pas se rendre sur son lieu de travail en moto, sa pharmacie se trouvant dans un endroit pauvre de Casablanca, où les gens pourraient être choqués de la voir arriver ainsi.

«S’ils me voyaient arriver en moto, moi leur pharmacienne, beaucoup perdraient tout respect pour moi. Pour beaucoup, cela serait inconcevable et mal venu. Certains de mes amis ne sont même pas au courant que je fais de la moto, pour les mêmes raisons». 

Un sentiment également partagé par la plus jeune membre du club. « Si certains nous soutiennent et son fiers de nous ce n’est pas le cas d’autres personnes qui sont choquées». 

Par Zineb Ibnouzahir
Le 17/03/2019 à 10h11