Diapo. Entretien avec Karim Daoudi, le créateur de chaussures marocain qui fait vibrer la mode milanaise

DiaporamaNé au Maroc, "made in Italy", Karim Daoudi fait partie des cinq stylistes originaires d'Afrique à avoir ouvert la Fashion Week féminine de Milan.

Le 04/03/2021 à 19h36

Karim Daoudi, à la Fashion Week féminine de Milan. . DR

Agé de 27 ans, Karim Daoudi a quitté son Maroc natal à l’âge de 13 ans pour s’installer avec sa famille à San Mauro Pascoli dans le nord de l'Italie. C’est ici même, dans "cette région bien connue pour la production de chaussures de qualité et qui peut se vanter de travailler pour plusieurs créateurs de luxe" explique-t-il pour Le360, que se produit ce qu’il qualifie de "tournant majeur dans sa vie" alors qu’il est âgé de 17 ans.

"J’ai commencé à travailler dans un atelier de confection de chaussures pour de grandes marques et au cours de ces heures de travail en tant que coupeur, j’ai appris le sens du détail" nous explique-t-il.

Huit ans plus tard, le jeune homme décide "de suivre un cours de modéliste tout en continuant à travailler, d'affiner (ses) connaissances et (se) garantir une formation plus professionnelle", poursuit-il. Et le succès est assurément au rendez-vous pour le jeune créateur qui a présenté lors de la dernière Fashion Week féminine de Milan en février, 2021 sa collection de chaussures, baptisée "Voyage dans la forêt".

Des chaussures dans des teintes vives qui lui rappellent le Maroc, son pays d’origine où déjà, enfant, nous confie-t-il, il aimait "créer des t-shirts personnels et personnalisés, stimulant ainsi (son) esprit créatif" et considérait comme "un moment de paix" et ses "passe-temps préférés", le fait de "choisir, colorier, couper, coudre et porter".

Celui qui fait aujourd’hui partie du fab five de l’Afro Fashion association, un pool de cinq jeunes talents italiens d’origine africaine reconnus à l’échelle internationale et inclus dans le calendrier officiel de la Fashion Week de Milan, peut être fier de son parcours, jalonné pourtant de difficultés.

Car à son arrivée à 13 ans en Italie, se souvient-il, "tout me paraissait étrange et étranger, alors que j'essayais de me faire de la place, de me faire des amis, d’être fort". Son intégration est d’autant moins évidente que celui-ci dit ne pas avoir été conquis par l’école. "Ce n'était pas seulement la faute du fossé linguistique, mais aussi de la scission provoquée par un changement de continent à cet âge et de ma nature réservée, peu encline à l'extraversion", analyse-t-il a posteriori.

"Les leçons n'ont pas réussi à stimuler mon esprit et les murs de la classe semblaient trop étroits par rapport à mon idée de la liberté et de la passion" poursuit Karim Daoudi en précisant que "c’est précisément pour cette raison que, pour me distraire de ce sentiment d'étrangeté et sauver mon feu intérieur, j'ai décidé de me concentrer encore plus sur ce que j'ai toujours aimé: la mode". 

Inspiré par "la nature, et tout ce qui a trait à l’art", Karim Daoudi est toujours très attaché au Maroc, qu’il considère "comme une grande bibliothèque pleine d'idées et d'inspirations" où il aimerait un jour installer sa marque. Quant à ses projets à venir, ils parlent de voyages, un peu à l’image de sa vie. "Je voudrais faire voyager mes chaussures à travers le monde et pourquoi pas les envoyer même sur l’espace", ambitionne le jeune homme.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 04/03/2021 à 19h36