Vidéos. "Changer le système": la mannequin Halima Aden se lance dans la "mode modeste" pour les musulmanes

L'ancienne mannequin somalo-américaine Halima Aden pose le 14 septembre 2021, lors d'un événement à Istanbul, en Turquie. Halima Aden est le premier mannequin à avoir porté un hijab et à avoir posé en burkini.

L'ancienne mannequin somalo-américaine Halima Aden pose le 14 septembre 2021, lors d'un événement à Istanbul, en Turquie. Halima Aden est le premier mannequin à avoir porté un hijab et à avoir posé en burkini. . Ozan KOSE / AFP

L'an dernier, la top model americano-somalienne, Halima Aden a déchiré les juteux contrats qui la liaient aux grandes maisons de mode. Elle pose désormais en hijab et en burkini et parie sur l'essor de la "mode modeste" destinée aux musulmanes.

Le 19/09/2021 à 13h26

Pour cette mannequin, née dans un camp de réfugiés au Kenya, c'est une question d'estime de soi dans une industrie qui va vite et heurtait de plus en plus ses valeurs.

"Depuis que je suis toute petite, cette phrase, 'Ne change pas toi, change le système' m'a permis de traverser tellement de choses", confie-t-elle à l'AFP, de passage à Istanbul.

"Quand j'ai pris la décision de tout quitter, c'est exactement ce que j'ai fait", poursuit-elle. "Et j'en suis très, très fière".

La décision en novembre dernier de la jeune femme, qui fêtera dimanche ses 24 ans, a secoué le monde de la mode et des influenceuses qui ont salué cette audace de pionnière.

Halima Aden était apparue pour première fois en hidjab et burkini (un maillot de bain couvrant le corps, qui sème encore la confusion en Europe) en 2016 lors d'un concours de beauté dans le Minnesota.

De nouveau en 2019, elle a posé pour l'édition annuelle du Sports Illustrated avec ce type de maillot alors qu'elle était déjà célèbre.

Mais sur le plan personnel, elle se sentait de plus enfermée dans un carcan, parfois au sens littéral du terme.

"On m'a toujours donné un box, un endroit privé où me changer, mais la plupart du temps j'étais la seule à bénéficier d'un peu d'intimité".

"Je voyais mes jeunes camarades qui se déshabillaient en public, devant des personnalités des médias, les cuisiniers, les designers et les assistants", se souvient-elle. "C'était très choquant".

"Je ne pouvais pas évoluer dans une industrie où il n'y a pas de respect minimal de l'être humain."

Halima Aden a paru libérée quand elle a annoncé sa décision d'abandonner les séances photo et les défilés l'an dernier.

"Je ne m'étais jamais sentie aussi soulagée. Garder tout ça pour moi était comme un véritable poison!", avait-elle clamé sur Instagram.

Elle avait senti que ses traditions, radicalement différentes de celles de la plupart des autres mannequins, étaient caricaturées et tournées en gag par certaines marques. American Eagle avait ainsi remplacé son foulard par une paire de jeans posée sur sa tête, en 2017.

"Mais... ce n'est pas mon style!" avait-elle protesté sur Instagram à l'époque. "J'étais arrivée à un point où je ne pouvais même pas reconnaître mon hijab tel que je le portais traditionnellement".

Entourée de modeuses du Moyen-Orient à Istanbul, Halima Aden a semblé bien plus à son aise cette semaine, lors d'un événement organisé par la marque turque Modanisa, sa nouvelle maison.

Elle concevra des collections exclusives pour la marque en ligne, l'un des grands noms de la "mode modeste" en Turquie.

Cette industrie était évaluée dans le monde à 277 milliards de dollars en 2019. Soit déjà plus d'un dixième des 2,2 milliards de dollars de l'industrie mondiale de la mode, avec encore une grande marge de croissance, selon DinarStandard, cabinet de conseil spécialisé dans les marchés musulmans émergents.

Ces dernières années, Moscou, Riyad et Londres ont d'ailleurs organisé des défilés de "mode modeste".

Le 19/09/2021 à 13h26