Abdellah Stouky n'est plus, un doyen de la presse marocaine s'en est allé

Abdellah Stouky.

Abdellah Stouky. . DR

Le doyen de la presse marocaine Abdellah Stouky est décédé ce mardi 12 juillet 2022 à Rabat, à l'âge de 76 ans. Tous ceux qui l'ont côtoyé se souviennent d'un homme affable, toujours élégant, charismatique et qui ne faisait aucune concession sur la rigueur et la joie de vivre. Hommage.

Le 12/07/2022 à 15h05

Abdellah Stouky a tiré sa révérence ce mardi 12 juillet dans une clinique de Rabat. Ce doyen des journalistes marocains, très connu dans le landerneau médiatique, est décédé à l’âge de 76 ans des suites d’une longue maladie.

Né en 1946 à Marrakech, Abdellah Stouky a appris le journalisme à l’école de la vie. Autodidacte, il était de ces journalistes très respectés par ses pairs et par tous ceux qui ont marqué sa génération.

Connu pour son verbe juste, sa posture toujours élégante, son langage épuré, son esprit très factuel, cet homme a affuté ses armes au sein de plusieurs journaux et célèbres institutions médiatiques du pays.

Ses traces sont partout. Depuis les années 70, au magazine Souffles, fondé par l’écrivain Abdellatif Laâbi et auquel ont contribué plusieurs artistes et intellectuels de l’époque, à Lamalif, un autre magazine, créé par la journaliste et écrivaine Zakya Daoud, en passant par le journal Al Maghrib, le quotidien Al Mithaq, fondé par le Rassemblement national des indépendants (RNI) dans les années 70 toujours, l’agence de presse MAP à son lancement, le ministère de la Communication…

Nul doute qu'Abdellah Stouky est plus qu’un journaliste. Il est l’un des témoins les plus importants des grandes phases de l’histoire du Maroc, depuis l’indépendance jusqu’à nos jours.

«Si Abdellah Stouky, le regretté, était un homme essentiel dans la vie journalistique et culturelle marocaine. Il a laissé une empreinte durable par son talent, sa flamboyance et sa vaste culture. Plusieurs générations d’hommes de médias lui sont redevables. Il a donné, à un moment crucial de la vie politique de notre pays, une visibilité, une influence et une crédibilité à notre métier. Par son action professionnelle, il a consolidé le statut de journaliste pour en faire un acteur du pluralisme et de la démocratie au Maroc. Nous ne l’oublierons pas!», dit de lui Khalil Hachimi Idrissi, l'actuel directeur général de l'agence MAP, qui l'avait rencontré pour la première fois en 1980, au bureau de la MAP à Paris, dirigé à l'époque par Chakib Laroussi.

Et si Abdellah Stouky a présidé à un moment donné l’Union internationale de la presse francophone, il a néanmoins toujours été très inspiré par l’école anglo-saxonne. Tous ceux qui l’ont côtoyé de près et qui disent avoir énormément appris à ses côtés rappellent l’importance accrue, si ce n’est presque maladive, qu’il accordait aux faits. La rigueur et la prédominance de ces faits sont des valeurs éthiques apprises de la presse anglo-saxonne qui ont toujours rythmé son travail et sa vie.

Abdellah Stouky était aussi un philanthrope. Il aimait tout et se désintéressait de tout à la fois. Dans son regard, des sentiments de révolte et d’empathie cohabitaient. De la plus belle des manières. Abdellah Stouky était aussi conscient que pour exercer son métier correctement, il fallait connaître du monde. Des politiques, des intellectuels, des hommes des médias, des artistes, des sportifs…

Quelque temps avant son décès, d’ailleurs, sur son lit de convalescence, Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS, et Mohammed Berrada, l’ancien patron de la Société arabo-africaine de distribution, d'édition et de presse (SAPRESS) lui avaient rendu visite, et Abdellah Stouky était en train de feuilleter un catalogue de l’exposition récente de l’artiste Najia Mehadji dont il appréciait visiblement le travail.

Pour Abdellah Stouky, le patriotisme c’était aussi cela. Rester fidèle à ses valeurs, à ses connaissances, à son esprit d’empathie, et ce, jusqu’à son dernier souffle.

Par Qods Chabaa
Le 12/07/2022 à 15h05