Affaire Abdelkebir El Horr: de quoi RSF se mêle-t-elle?

Abdelkébir El Horr.

Abdelkébir El Horr. . DR

Abdelkébir El Horr a-t-il jamais été «journaliste» pour que Reporters sans frontières (RSF) s’affole et rameute autour de ce blogueur, condamné jeudi 1er février à quatre ans de prison pour des faits répressibles par la loi marocaine? Eclairage.

Le 03/02/2018 à 21h03

Le journalisme est devenu le métier des gens qui n’ont pas de métier. Ceux qui ont fait le choix de vivre de ce métier sont les premiers à pâtir de cette réalité affligeante. RSF, qui prétend défendre les "historiens de l'instant", est curieusement la première à entretenir cet amalgame extrêmement dangereux. C’est en tout cas ce que laisse entendre ce communiqué qu’elle a diffusé, vendredi 2 février, où elle s’est permis de décréter qu’un simple blogueur, qui plus est spécialiste des fakes news, est «journaliste»! Abdelkebir El Horr, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est-il réellement journaliste pour que cette ONG s’affole et dénonce sa condamnation à 4 ans de prison pour des faits qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec le fait proprement dit journalistique?

A toutes fins utiles, il faut préciser que l’intéressé est un blogueur. Le fait qu’il détienne une page Facebook, à l’instar de n’importe quel autre citoyen, ne fait pas de lui nécessairement un journaliste. Le journalisme est assez sérieux pour le confondre avec ce que nous sert la blogosphère. La liberté d’expression, les professionnels le savent, est d’abord une responsabilité. Et c’est loin d’être le cas du dénommé Abdelkebir El Horr, qui vient d’être condamné notamment pour apologie du terrorisme, le cas échéant l’assassinat ignoble de l’ambassadeur russe en Turquie.

RSF exprime-t-elle la même «vive préoccupation» quand, dans cette France des libertés, des gens sont condamnés pour «incitation à la haine» ou «injures racistes» envers des gens dont le seul «délit» est d’être d’une autre culture ou d'une autre couleur de peau?

Il est incompréhensible que cette ONG appelée à défendre les journalistes, les vrais, fasse à l’insu de son gré, l’amalgame entre «le droit d’informer» et celui de déformer les faits, à plus forte raison souffler sur les braises, comme l’a fait l’intéressé dans sa «couverture» des évènements d’Al Hoceïma.

En un mot comme en mille, RSF se trompe de cible et de combat. Et c’est tout à son déshonneur.

Par Ziad Alami
Le 03/02/2018 à 21h03