Chantage contre le roi: les aveux des journalistes prédateurs

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Dans deux entretiens parus dans Le Monde et Le Parisien, les journalistes mis en examen pour tentative de chantage et d’extorsion de fonds contre le roi, reconnaissent les faits tout en adoptant une ligne de défense peu convaincante. Reader digest.

Le 31/08/2015 à 10h01

«C’est une tentation, pas un chantage». C’est ainsi que l’auteur journaliste Eric Laurent explique l’affaire inédite qui a secoué le microcosme médiatique français cette semaine. C’est d’ailleurs le titre qu’a choisi le quotidien Le Monde qui a publié un long entretien du journaliste, mis en examen avec Catherine Graciet, pour tentative de chantage et d’extorsion de fonds contre la personne du roi du Maroc.

Eric Laurent veut convaincre dans les colonnes de Le Monde que c’est bien l’avocat du Maroc qui a proposé d’acheter le silence des auteurs d’un livre «signé chez Le Seuil» en février dernier et «traitant de la succession de Hassan II» et qui contenait des informations à même d’ébranler le régime marocain. Il affirme avoir pris contact avec le secrétariat particulier du roi dans le but, uniquement, de recouper cette information et que c’est bien l’émissaire du palais qui aurait soumis l’idée «d’une rémunération, une transaction, en contrepartie d’un retrait écrit». Eric Laurent explique ainsi qu’il a succombé à la tentation pour deux raisons aussi culottées que pitoyables. D’une part l’auteur estime qu’il n’avait pas vraiment envie de «déstabiliser un régime à travers un ouvrage dans un contexte géopolitique très particulier», comme pour donner de l’importance à son brûlot. D’autre part, il concède avoir accepté de monnayer son silence vu sa situation personnelle difficile: la main sur le cœur, il confie que son épouse souffre d’un cancer généralisé qui nécessite un traitement lourd.

De son côté Catherine Graciet, dans Le Parisien, admet avoir accepté le deal négocié par Eric Laurent. «Oui, je me suis laissée tenter... C'est humain, non ? Chacun se demande ce qu'il ferait de sa vie avec 2 millions d’euros. Essayez d'imaginer la situation. Et c'était pour renoncer à un livre, pas pour tuer quelqu'un...», déclare-t-elle en soutenant pourtant «avoir été piégée». Pourtant, elle admet avoir recopié et signé de plein gré le protocole où elle renonce à écrire sur la monarchie et même touché une avance de 40.000 euros. «Quand je me suis retrouvée avec tout cet argent liquide dans les mains, j'étais hébétée, hagarde», raconte celle qui envisageait de se consacrer à l’équitation par le pactole extorqué au palais.

De cette ligne de défense adoptée par les deux journalistes, on constate que Catherine Graciet comme Eric Laurent sont aux abois. Les preuves accablantes réunies contre eux ne leur laissent d’autre choix que de plaider «la faiblesse humaine». Une manière d’essayer d’atténuer les charges pesant contre eux et de nuancer la tentative de chantage. Sauf que l’avocat du royaume est là pour mettre les points sur les i. «C’est Eric Laurent qui évoque en premier l’argent», a déclaré maître Eric Dupond-Morretti, ce matin du 31 août, sur le plateau d’I-Télé. «Mme Graciet a parlé d’une transaction via une société offshore et a exigé des coupures inférieures à 500 euros», a-t-il ajouté.

Mieux. Les deux journalistes bafouent l’éthique. Catherine Graciet tient ces propos surréalistes dans son entretien: «Je sais que déontologiquement, moralement, ce n’est pas génial, mais je n’y vois rien de mal pénalement». Celle soi-disant qui faisait de l’éthique son cheval de bataille et qui brandissait bien haut l’épée de la journaliste incorruptible trouve tout à fait normal de toucher de l’argent contre la renonciation à un livre tant que cela ne relève pas du pénal! Il est donc plus qu’évident que Catherine Graciet comme Eric Laurent sont des mercenaires de la plume. Prêts à monnayer des supposées informations qu’ils détiennent à coup de millions d’euros, il n’est pas donc exclu qu’ils aient déjà marchandé l’invention de calomnies pour le même tarif. Leurs ouvrages, passés comme futurs, sont à lire sous un autre angle…

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 31/08/2015 à 10h01