La faute de trop de Toufiq Bouachrine

Photo-montage : Ilyas El Omari, SG du PAM et Toufiq Bouachrine, directeur de la publication d’Akhbar Al Yaoum

Photo-montage : Ilyas El Omari, SG du PAM et Toufiq Bouachrine, directeur de la publication d’Akhbar Al Yaoum . Le360

En s’attaquant à la condition d’éleveuse de poules de la mère d’Ilyas El Omari, Toufiq Bouachrine a commis une faute morale grave qu’il aura beaucoup de mal à effacer, en dépit de son mea culpa tardif.

Le 01/02/2016 à 01h23

«Le fils de l’éleveuse de poules à la tête du PAM, et après ?», tel est le titre initial de l’éditorial du directeur de la publication d’Akhbar Al Yaoum, publié le 26 janvier dans le but de commenter l’élection d’Ilyas El Omari au poste de SG du PAM. Titre qu’il a été contraint de changer dans la version web de son journal sous la pression des protestations dans les réseaux sociaux.

On peut ne pas être d’accord avec Ilyas El Omari, on peut aussi ne pas partager les idées défendues par le PAM. Cela fait au demeurant partie du jeu politique. Mais de là à s’attaquer à la petite condition d’une mère pour jeter l’anathème sur son fils, il y a un pas impardonnable que Bouachrine a franchi. Comme si les Marocains, issus de milieux modestes, n’avaient pas le droit d’améliorer leur situation et de prétendre par le mérite à des postes de responsabilités.

Toufiq Bouachrine, qui se dit démocrate et aime donner des leçons sur l’égalité des chances, veut interdire au fils d’une agricole ou d’une femme au foyer, d’exercer un autre métier que celui de ses parents. Pire : cet éditorialiste laisse supposer que les femmes qui vivent dans les campagnes portent en elles une tare qui disqualifie leurs enfants des postes de responsabilité. Quelle curieuse ignorance de la réalité agricole du Maroc et des millions d’enfants d’éleveurs et de cultivateurs qui croient à leurs chances d’améliorer leur situation par le mérite et les vertus du travail.

D’ailleurs, un nombre impressionnant d’internautes n’ont pas pardonné à Bouachrine d’utiliser la condition modeste d’une mère dans l’intention de dégrader son fils. Des centaines de milliers d’internautes ont fait part de leur désapprobation la plus ferme de l’attaque qualifiée de «lâche et d’indigne» du directeur de la publication de Akhbar Al Yaoum. C’est que tout un chacun peut s’identifier à la mère d’El Omari. Cette ignorance de la réalité rurale de 50% de Marocains est stupéfiante de la part de Bouachrine.

De plus, en bon conservateur, Toufiq Bouachrine sait que la figure de la mère est sacrée dans la culture et les traditions marocaines. Comment a-t-il pu passer outre ce respect fondamental que les Marocains vouent à la mère quelle que soit sa condition ? Il doit y avoir d’autres ressorts pour que l’éditorialiste dérape de façon aussi irrattrapable. Qu’est-ce qui a bien pu motiver cette attaque contre Ilyas El Omari ?

La haine rend aveugle

En cherchant à rappeler à Ilyas El Omari d’où il vient, Toufiq Bouachrine s’attaque en fait à un adversaire farouche du PJD, parti dont l’éditorialiste est très proche. Souvent circonspect dans ses éditoriaux, le patron d’Akhbar Al Yaoum a voulu attaquer le nouveau SG du PAM par tous les moyens, au point de se permettre de mettre entre parenthèses son devoir de journaliste et revêtir le rôle d’un homme politique qui s’autorise des coups bas contre son adversaire.

C’est cette haine du PAM qui n’a d’égale que l’allégeance de Bouachrine au PJD qui peut expliquer la faute commise par un journaliste expérimenté, qui connaît le poids des mots. A moins qu’il n’ait reçu une directive insistante d’un des ténors du PJD pour gâcher la fête à Ilyas El Omari en cherchant à souiller sa mère. Dans l’un ou l’autre cas, la faute de Toufiq Bouachrine est impardonnable.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 01/02/2016 à 01h23