Mehdi Qotbi au magazine «Le Point»: «Nous pouvons toujours construire des ponts et nous comprendre par la culture»

Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées du Maroc.

Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées du Maroc. . DR

Dans un long entretien à l'hebdomadaire français «Le Point», Mehdi Qotbi, qui préside depuis dix ans la Fondation nationale des musées du Maroc (FNM), revient sur son parcours d’artiste-peintre, sa conception de la culture, ses projets et ses rêves.

Le 11/12/2021 à 15h26

«Nous pouvons toujours construire des ponts et nous comprendre par la culture», affirme l'artiste-peintre Mehdi Qotbi, qui a rendu hommage au roi Mohammed VI, «un visionnaire qui a compris que la culture est un élément essentiel pour que les peuples, les religions, les cultures puissent se rencontrer, dialoguer, avancer dans la compréhension des uns et des autres».

Dans un long entretien à l'hebdomadaire français Le Point, Mehdi Qotbi, président depuis dix ans de la Fondation nationale des musées du Maroc (FNM), revient sur son parcours d’artiste-peintre, sa conception de la culture, ses projets et ses rêves. Et ce, alors que vient d’être publié dans la série Moroccan Art Books des éditions Art Point de Casablanca, l’ouvrage Mehdi Qotbi, couleurs et écritures, 40 ans de peinture. Un beau livre qui dévoile un parcours exceptionnel fait de rencontres et d’échanges avec des personnalités qui sont entrées dans l’histoire de la littérature et de la peinture du XXe et de ce début de XXIe siècle.

«Panafricaniste dans l’âme», Mehdi Qotbi, qui cultive également une sensibilité méditerranéenne qui le relie à l’Europe des Lumières dans ses déclinaisons les plus éclatantes, a fait de l’ouverture et du brassage ses armes pour poser ses passerelles et établir des ponts dans tous les domaines.

«J’ai toujours voulu qu’à travers nos différences, il y ait un dialogue par l’art et la culture. Nous pouvons toujours construire des ponts et des passerelles et nous comprendre par la culture», confie Mehdi Qotbi.

Il a tenu, dans ce contexte, à rendre hommage au Souverain, «Je rends hommage à Sa Majesté parce qu’Il a donné à la culture la place qu’elle doit avoir dans la société», a indiqué Mehdi Qotbi, ajoutant que nous avons «cette chance au Maroc, pour l’Afrique et même le monde, d’avoir un Souverain visionnaire comme Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui a décidé de créer une institution totalement autonome (FNM) pour pouvoir gérer les musées, démocratiser la culture et la rendre accessible à tous les Marocains quel que soit leur niveau social pour leur permettre de connaître la richesse, la diversité de leur patrimoine historique et ancestral».

Le Souverain est «un Roi visionnaire». «Il m’avait demandé une grande exposition sur l’Afrique. C’était extraordinaire et prémonitoire! Il a donné, il y a deux ans à Fès, ville spirituelle qui est comme une page de l’histoire de l’humanité, le coup d’envoi à la rénovation du musée de l’islam au Palais Batha ainsi qu’à la construction d’un musée du judaïsme marocain», s’est félicité Mehdi Qotbi.

Le président de la FNM a également rendu hommage au Souverain pour avoir «intégré dans le préambule de la Constitution le fait que le Maroc est nourri par plusieurs influences, africaines, berbères, sahraouies, hassanies, juives, romaines». «Ce sont toutes ces influences qui ont fait que le Maroc d’aujourd’hui a une ouverture sur les autres».

Sur les projets futurs de la Fondation, Mehdi Qotbi a fait état de la création du «musée du continent africain», qui sera érigé sur un espace de 12.000 m2 au cœur de Rabat, à côté du musée Mohammed VI. Un tunnel sera mis en place pour relier les deux espaces culturels et sera lui-même exploité pour faire des expositions, a-t-il indiqué, soulignant que ce musée va mettre en évidence l’apport du continent au monde, à l’Europe, à l’Amérique aussi.

Dans cet entretien, Mehdi Qotbi est également revenu sur les dix années de la création de la FNM, se félicitant des expositions accueillies par cette institution. «Qui aurait pu, même dans les rêves les plus fous, savoir que Picasso, Goya, Van Gogh, Renoir, Monet, Miro, Dali, Giacometti et bien d’autres (allait faire) le voyage du Maroc pour se retrouver à la portée de chaque Marocain, de chaque Africain présent au Maroc et intéressé par leur art», s’est-il enthousiasmé.

Et si le Maroc a réussi à faire venir de telles figures illustres sur le continent africain où en général on ne les voit pas, c’est parce que «nous avons construit, grâce à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, des musées qui répondent aux normes internationales muséologiques, aux normes de préservation et de protection des œuvres».

«Dans chaque musée, il y a des normes auxquelles il faut répondre car une œuvre ne doit pas être mise dans certaines conditions de chaleur ou d’humidité. Le Maroc est aujourd’hui le seul pays sur le continent à répondre à ces normes», a souligné le président de la FNM.

«La deuxième chose est qu’il faut être sûr que le pays où se passe l’exposition a des institutions qui peuvent assurer la préservation des œuvres. Donc, il est important que le pays soit sécurisé, ce qui est le cas pour le Maroc. Il faut donc inspirer confiance aux institutions prêteuses», a-t-il ajouté, rendant hommage à l’équipe de la FNM, à l’équipe du musée Mohammed VI de Rabat et à son directeur Abdelaziz Idrissi, d’avoir compris qu’il fallait perfectionner leur savoir.

D’ailleurs, a-t-il dit, un cycle de formation, destiné aux amis et frères des autres pays africains, vient de commencer, grâce à une dotation de la France. «Le Maroc a acquis un savoir-faire en tant qu’Africain. S’il souhaite partager avec les autres, il sait comment le faire. De ce fait, nous allons partager notre expérience sur la préservation des œuvres, sur leur restauration, sur la manière scénographique de pouvoir accrocher les œuvres. Nous avons tout cela aujourd’hui et nous nous imposons de le partager avec d’autres Africains», a souligné Mehdi Qotbi.

Selon lui, cette formation partagée avec le reste de l’Afrique, financée par la France et qui passe par le Maroc nous permet de dire qu’il «est légitime aujourd’hui que la porte de l’Afrique et de son développement soit le Maroc. Pour y entrer, mais aussi pour en sortir».

Le 11/12/2021 à 15h26