Pour le DG de la MAP, les fake news représentent un défi éthique mondial

Khalil Hachimi Idrissi, DG de l'agence MAP. 

Khalil Hachimi Idrissi, DG de l'agence MAP.  . DR

La diffusion d'une information, vraie ou fausse, est devenue un "jeu d'enfant", assure le Directeur général de l’Agence marocaine de presse (MAP), Khalil Hachimi Idrissi, pour lequel les fake news constituent désormais un défi éthique mondial.

Le 26/11/2019 à 10h33

"La réponse à une fake news doit être instantanée et sur tous les supports. Plus que la traçabilité de la fake news, c'est l'instantanéité de la réponse qui est primordiale", affirme Khalil Hachimi Idrissi, dans un entretien accordé à la Revue de la Gendarmerie Royale, à l’occasion du 60e anniversaire de l'agence MAP.

Selon lui, combattre les fake news est quasiment un nouveau métier et requiert, notamment, des compétences nouvelles, un cadre légal favorisant la tolérance zéro, la réactivité, la diligence et l'enquête experte pour déterminer les responsables des fake news et leur faire assumer par la loi leurs responsabilités quand les préjudices sont établis.

"L'essentiel est que notre pays doit disposer d'une vraie stratégie en matière d'Education aux Médias (EAM) en direction des jeunes publics", a affirmé Khalil Hachimi Idrissi, qui a décortiqué en six points le sujet de "l'Information face aux nouveaux enjeux de la société".

Par ailleurs, le DG de l’agence MAP a estimé que la Gendarmerie Royale, comme les autres services de sécurité, avait un rôle central à jouer en faisant respecter l'État de droit et en ne tolérant aucun délit en la matière.

"Aucun diffamateur ou auteur d'un délit ne doit se sentir protégé, par son clavier ou par son anonymat, quand il commet des actes répréhensibles", a-t-il affirmé dans cet entretien publié dans le 62e numéro de la Revue de la Gendarmerie Royale.

Faisant un tour d’horizon du paysage médiatique marocain actuel, Khalil Hachimi Idrissi a estimé que la transition numérique a eu un double impact en ce sens qu’elle a modernisé et simplifié les outils de production et de captation [de l’information], donnant lieu à l'apparition de nouveaux acteurs et de nouveaux métiers.

Toutefois, a-t-il expliqué, la généralisation de l’outil Internet et l’essor de la gratuité de l’information posent de nombreuses interrogations sur la sortie du métier de journaliste de son cadre strictement professionnel. "Tout le monde est devenu journaliste avec une appellation de «journalisme citoyen» qui cache mal que ce journalisme est principalement le fait d'amateurs et qui relève principalement de la liberté d'expression", a constaté Khalil Hachimi Idrissi.

Ce "big-bang médiatique" a conduit aussi, au Maroc comme ailleurs, à un effondrement du modèle économique des médias sans qu'un nouveau modèle apparaisse, a-t-il fait valoir, affirmant que les médias sont aujourd'hui "condamnés à l'inventivité pour survivre".

Sur le plan des évolutions technologiques qui impactent la majorité des agences de presse, Khalil Hachimi Idrissi a indiqué que les agences étaient devenues globales. "C'est pour cela que la MAP est devenue une agence à 360 degrés, qui fait du texte, de la presse, de l'édition, de l'infographie, de la photo, de la transmission, de la radio, de la télé", a-t-il tenu à souligner.

La mission légale de l’agence nationale consiste à ne pas laisser un des champs ou segments médiatiques vide ou sans apport, à en croire le DG de la MAP, qui invoque deux raisons principales à ce déploiement stratégique, à savoir conforter la souveraineté nationale en matière d'information face à la déferlante des réseaux sociaux et constituer une vraie porte d'entrée à un redéploiement du service public d'information, après l’avoir redéfini.

L’agence MAP a choisi d’être présente en force sur les réseaux sociaux, selon son directeur général, pour lequel "déserter cet espace" équivaudrait à s'exposer à de "grosses déconvenues".

La mission de l’agence est aussi de porter la voix du service public marocain dans cet espace, "pas avec de gros sabots" mais en maîtrisant les codes, les techniques et les vecteurs, a-t-il renchéri.

S’agissant des cadres légaux encadrant la profession, dont la Charte nationale pour l'éthique de la profession de journaliste, Khalil Hachimi Idrissi a indiqué qu’il incombe désormais au Conseil national de la Presse (CNP) de veiller à l’application de cette charte et de faire jouer ses attributions dans le but "d'immuniser, sans faillir, avec audace et détermination, le secteur contre toutes les dérives éthiques".

"Y réussira-t-il? L'avenir proche nous le dira", s’interroge-t-il.

Le 26/11/2019 à 10h33