Reconnaissance de la marocanité du Sahara: des politiques français dénoncent la position ambiguë de la France

L'émission «Les Grandes Gueules Moyen-Orient», le 20 septembre 2022, sur la chaîne télévisée i24.

L'émission «Les Grandes Gueules Moyen-Orient», le 20 septembre 2022, sur la chaîne télévisée i24. . DR

Sur le plateau de l’émission «Les Grandes Gueules Moyen-Orient», sur la chaîne i24, un débat autour du positionnement de la France sur la question du Sahara au Maroc fait réagir des hommes politiques français. De Jean Messiha à Roger Karoutchi, on ne mâche pas ses mots.

Le 21/09/2022 à 15h39

«Sable mouvant pour la France, le Sahara?». C’est la question à laquelle répond Jean Messiha, homme politique et polémiste français, sur le plateau de l’émission Les Grandes Gueules Moyen-Orient, diffusée le 20 septembre 2022 sur la chaîne télévisée i24.

«Cette question du Sahara et du Polisario, c’est une invention algérienne en réalité, ce qui est d’ailleurs assez culotté de la part d’un pays, l’Algérie, qui a hérité d’un territoire immense à la faveur de la colonisation sur lequel il a des droits, et notamment des droits énergétiques, car ces territoires sont très riches», déclare l’homme politique.

Et de poursuivre, «le Sahara est marocain de par sa population puisqu’effectivement les 500.000 personnes qui vivent au Sahara occidental, la quasi-totalité, ce sont des Marocains qui s’y sont installés après 1976».

Selon le polémiste, «il n’y a aucune raison aujourd’hui -compte tenu des raisons historiques, géographiques et politiques- et puisque le Maroc est un ami de la France, que la France ne reconnaisse pas cette souveraineté marocaine sur le Sahara!».

«Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement français tergiverse. Et si c’est juste pour une question de gaz, comme disait le général de Gaulle, la politique de la France ne se fait pas à la corbeille», conclut-il en reprenant cette formule employée pour dénoncer l'influence ou l'ingérence du milieu financier dans la politique de l'Etat.

Cette intervention de Jean Messiha fait suite à la prise de position tout aussi forte de Roger Karoutchi, premier vice-président du Sénat en France, dans cette même émission télévisée, deux jours plus tôt.

Pour sa part, Roger Karoutchi revient ainsi dans «Le grand oral» de l’émission Les Grandes Gueules Moyen-Orient, sur sa réaction suite à la visite d’Emmanuel Macron en Algérie.

«Ca avait été présenté, pas seulement en France, mais aussi au Maroc et dans d’autres pays, comme un rapprochement qui pouvait se faire à l’encontre du Maroc, puisque, comme chacun le sait, la position algérienne n’est pas du tout la même, c’est le moins que l’on puisse dire, que celle du Maroc sur le Sahara», explique ainsi Roger Karoutchi.

Et le premier vice-président du Sénat de mettre en garde la France, en déclarant «attention, on ne traite pas correctement ceux qui sont nos amis permanents, et le Royaume du Maroc est en lien permanent avec la France, notamment sur les services de renseignement, en matière de terrorisme».

Aux yeux de l’homme politique, ce déplacement en Algérie du président français, alors même que la France ne prend pas position pour le Maroc sur la question du Sahara, lui paraît «un peu inégal».

Pourtant, il explique avoir «clairement demandé, sollicité, souhaité», que la politique française à l’égard du Maroc «soit plus à l’équilibre», d’autant justifie-t-il, que certains pays européens, «notamment l’Allemagne, qui n’a pas spécialement de liens historiques avec le Maroc, sauf une tentative d’emprise allemande sur le Maroc au début du XXe siècle, mais qui n’a pas duré», reconnaît la position marocaine sur le Sahara… «C’est un peu gênant, vexant que la France ne soit pas sur une position identique», estime ainsi Roger Karoutchi.

Et pour cause, juge-t-il, c'est la position aujourd’hui, «de plus en plus largement reconnue», que ce soit par les Etats-Unis et par plusieurs européens, «mais pas par la France qui se définit comme le principal ami, le principal allié du Royaume du Maroc», se désole-t-il.

Or, argumente Roger Karoutchi, «quand vous êtes le principal ami et le principal allié du Royaume du Maroc, vous faites en sorte que ce ne soit pas tous les autres Etats qui passent devant vous pour être ceux qui reconnaissent les bienfaits de la position marocaine».

Des prises de position en faveur du processus d’autonomie proposé par le Maroc qui sont partagées par Yves Derai, rédacteur en chef du magazine Forbes, également présent sur le plateau de l'émission le 20 septembre.

Du côté des internautes, même son de cloche. En effet, répondant en ligne, sur les réseaux sociaux d’i24, à un sondage, ils sont, pour l’heure, 87% à répondre favorablement sur Twitter à la question «La France doit-elle reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental?»

Par Zineb Ibnouzahir
Le 21/09/2022 à 15h39