Reconstitution de crimes à la télé: la HACA préconise plus de déontologie

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La Haute autorité de la communication audiovisuelle ( HACA) vient de publier un rapport thématique sur les émissions consacrées à la reconstitution des crimes sur les trois chaînes de télévision généralistes nationales. Constats et recommandations.

Le 28/04/2015 à 19h00

Les sages de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) ont décortiqué trois émissions de reconstitutions de crimes, «Moudawala» d'Al Oula, «Masrahe al jarima» de Médi1TV et «Akhtar al mojrimine» de 2M. Ils ont publié leurs conclusions dans un rapport détaillé, contenant des données d’ordre descriptif et quantitatif agrémentées de recommandations.

Les Marocains, avides de sang? Sur un échantillon de douze épisodes, diffusés en 2013 dans les trois émissions, il est à noter que le meurtre se taille la part du lion avec 50% pour «Moudawala», 79% pour «Akhtar al mojrimine» et 43% pour «Masrahe al jarima». Un choix qui trouve, apparemment, un écho favorable chez le public, puisque «Modawala » et «Akhtar al mojrimine» atteignent des taux d'audiences frisant les 50%, les plaçant ainsi dans le Top 10 des émissions les plus regardées d'Al Oula et 2M. Les chiffres sont parlants: “Moudawala” détient la troisième place après le JT arabe et avant "Comedia Show", alors que “Akhtar al mojrimine” est septième avant “Rachid Show” et derrière “Moukhtafoune”.

Un danger pour le jeune publicConcernant les amateurs de ce genre d'émissions, il est regrettable de constater que la grande majorité soit composée de jeunes: 18% des enfants âgés de 5 à 14 ans et 20 % des 15-24 ans regardent “Akhtar al mojrimine”. Même constat pour le public de “Moudawala” où la tranche d'âge des 5-14 ans représente 20%, sachant que le meurtre, le viol et l'enlèvement font les choux gras de ces programmes. Enfin, 62% des téléspectateurs qui suivent ces programmes de reconstitution de crimes ont un niveau d'études bas, voire d'absence de diplômes, 30% sont d'un niveau moyen, alors que 6% seulement ont un diplôme d'études supérieures.

Les recommandations des sagesPar ailleurs, la HACA a soulevé plusieurs exemples de non-respect des dispositions constitutionnelles, législatives et réglementaires lors de la préparation et de la diffusion de ces émissions et recommande, dans ce sens, d'adopter une approche qui soit en phase avec ces dispositions. Ainsi la Haute autorité recommande d'observer les règles déontologiques pour le respect de l'éthique de couverture des procédures judiciaires, de la dignité humaine, du secret de l’identité des parties concernées, de la sacralité de la vie privée, du droit à l'oubli et de la protection du jeune public.

Par Fatima Moho
Le 28/04/2015 à 19h00