Afrique du Sud: incertitude politique et marasme économique

La BM appelle le gouvernement sud-africain, dirigé depuis 1994 par le Congrès National Africain (ANC), à mettre en œuvre des réformes urgentes.

La BM appelle le gouvernement sud-africain, dirigé depuis 1994 par le Congrès National Africain (ANC), à mettre en œuvre des réformes urgentes. . DR

l’impact très négatif de l’incertitude politique qui sévit en Afrique du Sud, notamment sur les perspectives économiques de ce pays plongé dans un cycle interminable de ralentissement.

Le 20/01/2020 à 13h38

L’Afrique du Sud ne sera pas en mesure de sortir de son actuel cycle de ralentissement économique sauf si les décideurs politiques décident d’agir rapidement pour dissiper l’incertitude politique qui assombrit les perspectives d’avenir du pays, ont indiqué les chercheurs dans une étude publiée par la Business School relevant de l’université sud-africaine de North-West.

D’après l’étude, l’incertitude politique s’est accentuée dans le pays au terme du quatrième trimestre de 2019, grimpant à 53,6 points contre 53,1 un trimestre auparavant.

L’augmentation de l’incertitude au-dessus de 50 points traduit un niveau élevé de manque de confiance dans les rangs des opérateurs économiques, explique les auteurs de l’étude.

L’Afrique du Sud, deuxième puissance économique du continent africain, est piégée depuis des années dans une spirale de ralentissement de la croissance économique avec une hausse de la dette publique et des dépenses de l’Etat notamment pour venir en aide aux entreprises publiques en proie à une grave crise de gouvernance.

Cette situation a poussé la Banque mondiale (BM) à réduire ses prévisions de croissance de l’économie sud-africaine à 1 pc en 2020 contre une prévision initiale de 1,7 pc.

A l’instar du Fonds monétaire international, des agences de notation et des cabinets d’analyses économiques et financières, la BM appelle le gouvernement sud-africain, dirigé depuis 1994 par le Congrès National Africain (ANC), à mettre en œuvre des réformes urgentes comme l’une des dernières options disponibles pour faire sortir le pays de sa crise.

Cependant, l’incertitude politique continue de peser lourd, suscitant l’inquiétude des investisseurs. Cette incertitude est engendrée notamment par les tentatives continues de détrôner le président Cyril Ramaphosa, arrivé au pouvoir en 2018 en remplacement de Jacob Zuma, estiment les analystes.

Les politiques de l’ANC notamment celles visant à nationaliser la Banque centrale, contrôlée par le privé depuis sa création en 1921, alimentent cette incertitude.

Lesetja Kganyago, gouverneur de la Banque, insiste sous la nécessité de préserver l’indépendance de l’institution, soulignant que la nationalisation de la Reserve Bank demeure une entreprise à haut risque pour l’économie.

Les agences internationales de notation ont également mis en garde le gouvernement de l’ANC contre toute tentative de porter atteinte à l’indépendance de la Banque.

Par ailleurs, l’étude de l’université de North-West a souligné que l’économie sud-africaine a besoin d’un changement catalyseur en 2020.

Le haut degré d’incertitude reste réversible, notent les auteurs de l’étude, soulignant que le gouvernement doit assumer ses responsabilités pour clarifier ses positions sur les dossiers économiques et politiques les plus brulants.

Le discours sur l’Etat de la Nation que le président Ramaphosa devra prononcer le mois prochain, doit signaler cette volonté du gouvernement à remettre le pays sur les rails, a dit Raymond Parsons, professeur à la Business School de l’université de North-West. 

Le 20/01/2020 à 13h38