Algérie: ce Dinar qui ne vaut même plus son pesant de zinc

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L’impact de la forte dévaluation de la monnaie algérienne commence à se faire sentir sur les prix des denrées alimentaires. Pis encore, l’inflation importée fait que même la fabrication du Dinar devient une mauvaise affaire.

Le 08/01/2021 à 12h32

Vous remettez-vous en mémoire ces scènes de documentaires en noir et blanc, filmés en caméra argentique, de la Grande Dépression suite au krach boursier de Wall Street, en 1929? On y voyait des gens traîner des brouettes remplis de liasses de billets pour se payer une baguette. Eh ben, ces scènes, qui paraissent surréalistes plus d'un siècle plus tard, risquent de devenir le quotidien de nos voisins algériens. Le pays est en effet inondé en Dinars, cette monnaie locale qui ne vaut même plus son poids de zinc et dont il faut trimballer des millions, en cash, juste pour faire son marché.

Une enquête publiée sur Algérie Part dévoile les statistiques effarantes de la masse monétaire circulant dans le pays. «De la mi-novembre 2017 à mars 2019, le Trésor Public a mobilisé à la Banque centrale d’Algérie 6 556 milliards de DZD, soit 55 milliards d’USD ou 32 % du PIB de tout notre pays en 2018», écrit le web-média algérien.

La fabrication même de la monnaie algérienne est devenue une mauvaise affaire. «Depuis le début de cette année 2020, la fabrication d’une pièce d’un 1 DA coûte à l’Algérie 7 fois plus cher que sa valeur!», explique le média, qui précise que la majorité des métaux nécessaires à la fabrication des pièces de monnaie algérienne sont importés de l’étranger et payées en devises.

Idem pour les billets produits par l’Hôtel de la monnaie. «Le coût de fabrication d’un billet de 2000 Da est en réalité de… 2500 Da», attestent les sources d’Algérie Part, qui mettent en exergue les frais de fonctionnement, de la logistique et équipements nécessaires à la fabrication de la monnaie algérienne sans oublier les frais d’exploitation de l’hôtel des monnaies de la banque centrale.

Cette fabrication de la monnaie a déséquilibré l’économie algérienne en contribuant à la chute de la valeur du dinar, puisque cette création de la monnaie n’a pas pour équivalent la moindre création de richesses. Elle a surtout provoqué l’augmentation des prix étant donné que l’Algérie est un pays largement dépendant de ses importations en devises étrangères pour se nourrir ou s’habiller.

Dans ce sens, même la presse proche du régime n’arrive plus à dissimuler l’effondrement du pouvoir d’achat. «A peine l’année amorcée, voilà que les premiers signes d’une crise économique sans précèdent se font ressentir en Algérie», peut-on lire sur le site TSA.

Le média explique à tel point les ménages algériens ont désormais bien du mal à mettre un bout de viande ou même des légumes dans leur assiette, tellement la vie est chère. Même les fruits de saison, comme les oranges ou les mandarines, deviennent inaccessibles aux bourses modestes.

«Il faut avoir le salaire d’un député pour vivre décemment en Algérie», s’emporte un quinquagénaire dont le témoignage est rapporté par le média. Un cri de colère qui résonne de plus en plus fort dans les rues d’Alger, où la population prend conscience que le régime actuel mène le pays droit vers la faillite. La politique monétaire consistant à dévaluer le Dinar, pour doper artificiellement les revenus de la rente pétrolière, montre déjà ses limites, alors qu’elle devrait se poursuivre sur les trois prochaines années.

La loi de Finances, votée in extremis par le Président Abdelmadjid Tebboune, prévoit une dévaluation du Dinar sur trois ans, ce qui va à coup sûr fragiliser une économie qui souffre déjà de scories structurelles.

Par Fahd Iraqi
Le 08/01/2021 à 12h32