Algérie. Djamel Ould Abbès: «Je suis le seul à connaître le nom du futur président»

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika. . AFP

On le savait depuis des mois, les dirigeants du FLN, les ministres et la presse proche du pouvoir ne cessent de demander à Bouteflika de rempiler pour un cinquième mandat. Le FLN vient de confirmer indirectement que le président malade est partant pour une nouvelle aventure…

Le 29/03/2018 à 13h50

Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, a installé hier la commission d’évaluation des vingt années de réalisations. Ce qui signifie clairement l’établissement d’un bilan des quatre mandats du président Bouteflika depuis sa première élection le 15 avril 1999. C’est la preuve qu’on prépare sérieusement les élections présidentielles de 2019 avec le seul homme disponible pour le moment. Personne ne s’en cache d’ailleurs aussi bien au sein du cercle proche du président malade que dans une couche populaire sclérosée et résignée par le statu quo.

L’opposition étant très dispersée, il y a peu de voix qui s’élèvent contre le pouvoir absolu du FLN et son bras armé (l’armée) qui perdure depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. Le patron du FLN ne laisse aucun doute sur les conclusions de la commission d’évaluation en affirmant: « Le document est un matériau inestimable, capital et de très sûr qu’il convient de capitaliser et de valoriser pour rendre compte au peuple en 2019… » Et comme pour couper court à tout suspense, il ajoute «J’ai a en tête le nom de celui qui présiderait aux destinées de l’Algérie à partir de 2019. Le prochain candidat du FLN, Dieu et celui qui vous parle, le connaît… » 

Ne prenez pas ces propos pour l’ironie, le patron croit dur comme fer qu’il est le seul à connaître le nouveau président. La preuve, il a oublié le rapport publié, en juillet 2017, par une mission de sénateurs français qui ont séjourné en Algérie et qui sont tout aussi catégoriques que lui: «L’hypothèse d’une candidature de Bouteflika à un cinquième mandat en 2019 n’apparaît d’ailleurs pas exclue. Le chef de l’Etat dispose d’une réelle légitimité, acquise notamment à l’issue de la décennie noire…il n’existe pas de réelle pression populaire en faveur d’une évolution du régime, en dépit de l’impression de sclérose que peut dégager le pouvoir en place.” 

C’est vrai tout le monde demande au président de rempiler et chacun a sa raison comme ce député du FLN, Baha Eddine Tliba qui ose dire qu’un cinquième mandat est une reconnaissance pour les services rendus par Buteflika au pays: «Je pense que des segments très importants du peuple algérien voudraient, suite à ce long parcours de l’homme, le voir continuer à diriger en reconnaissance à ce qu’il fait pour éviter au pays des catastrophes ». Le matin d’Algérie qui le cite, traduit ces propos non sans un brin d’ironie: « J'appelle le président à briguer un cinquième mandat comme le souhaitent des pans entiers de nouveaux riches qui ont prospéré dans les capitaux non déclarés, la spéculation, l'absence de transparence, la corruption, et sont devenus décideurs politiques à l’ombre de Bouteflika.»

Par Hassan Benadad
Le 29/03/2018 à 13h50