Attentat de Manhattan: Trump veut de nouvelles restrictions migratoires

Le président américain Donald Trump montrant son décret migratoire. 

Le président américain Donald Trump montrant son décret migratoire.  . AFP

Un homme originaire du Bangladesh, apparemment inspiré par les groupes jihadistes, a déclenché une bombe artisanale dans un tunnel du métro de Times Square, poussant Donald Trump à réclamer de nouvelles restrictions migratoires.

Le 12/12/2017 à 09h15

L'attentat, le deuxième à New York en six semaines, est survenu lundi à proximité d'une des places les plus fréquentées au monde à l'heure de pointe - 07H20 (12H20 GMT) - dans un tunnel reliant deux noeuds-clés des transports new-yorkais que sont Times Square et la gare routière de Port Authority, à l'ouest de Manhattan. L'attaque n'a fait que trois blessés légers, la bombe n'ayant que partiellement explosé, a expliqué le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, visiblement soulagé d'avoir évité "un de nos pires cauchemars". "Dieu merci, l'auteur n'est pas parvenu à ses fins", a souligné aussi le maire démocrate Bill de Blasio.

Blessé et brûlé à l'abdomen, l'unique suspect, un homme de 27 ans identifié comme Akayed Ullah, a été rapidement arrêté. Il portait attaché au corps "un engin explosif rudimentaire", a précisé le chef de la police, James O'Neill. "Il était prêt à mourir", a déclaré un responsable anonyme cité par le New York Times. L'homme était "influencé" par les groupes jihadistes et avait cherché sur internet comment fabriquer la bombe, a déclaré M. Cuomo. Plusieurs médias ont indiqué qu'Akayed Ullah avait déclaré à la police avoir été inspiré par l'EI.

Sa famille a publié un communiqué par l'intermédiaire du conseil des relations américano-islamiques à New York dans lequel elle dit avoir le "coeur brisé" par cette attaque et les accusations portées à l'encontre d'Akayed Ullah. Ses proches se disent aussi "outrés" par le comportement des enquêteurs de police qu'ils accusent d'avoir sorti de son établissement scolaire un jeune membre de la famille du suspect afin de l'interroger sans la présence d'un avocat.

Akayed Ullah aurait ciblé un passage souterrain très fréquenté pour ses affiches liées à Noël, qui lui auraient rappelé les attaques perpétrées au nom de l'EI sur des marchés de Noël en Allemagne. Il aurait aussi voulu faire vengeance pour les frappes américaines contre le groupe jihadiste en Syrie et ailleurs. Cet attentat est le troisième depuis septembre 2016 à New York, longtemps épargnée par la vague d'attentats jihadistes qui a ébranlé l'Europe.

Comme l'attaque au camion-bélier par un Ouzbek qui a fait huit morts et 12 blessés à Manhattan le 31 octobre, il a été commis par un immigré, poussant Donald Trump à réclamer de nouvelles restrictions de la politique migratoire américaine. Cette attaque "illustre une nouvelle fois l'urgente nécessité pour le Congrès de voter des réformes législatives pour protéger les Américains", a déclaré le président, qui a déjà interdit l'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, essentiellement musulmans, dont le Bangladesh ne fait pas partie. "Le Congrès doit mettre fin aux migrations en chaîne", a-t-il souligné, en référence au visa de regroupement familial qui aurait permis à Ullah de venir aux Etats-Unis.

Selon plusieurs médias locaux, ce Bangladais aurait immigré aux Etats-Unis il y a sept ans. De Blasio, un démocrate qui se pose en défenseur des migrants face à Donald Trump, a cependant indiqué que le suspect n'avait "aucun passé criminel ni aucune indication de radicalisation préalable, sur la base de ce que nous savons à ce stade", dans une interview télévisée. Il a aussi assuré que la coopération s'améliorait entre la police et les quartiers à forte population immigrée, comme celui de Brooklyn où habitait Ullah, sur les questions de radicalisation.

Cette attaque est intervenue à l'approche des fêtes de fin d'année, qui attirent des centaines de milliers de touristes dans la ville la plus peuplée des Etats-Unis. La police a lancé un appel à témoins, renforcé les patrouilles et appelé les New-Yorkais à redoubler de vigilance en signalant tout comportement suspect. Times Square, l'une des places les plus surveillées des Etats-Unis, est depuis plusieurs années un point particulièrement sensible pour les autorités.

La célèbre place, où près d'un million de personnes se réunissent chaque année pour fêter le Nouvel An, a fait l'objet de mesures de sécurité ces derniers mois. L'explosion lundi a déclenché un mouvement de panique dans le passage souterrain. Alors que pompiers et policiers accouraient sur les lieux et bouclaient le quartier, "tout le monde s'est mis à courir", selon des témoins cités par le New York Times.

Les nombreuses lignes de métro qui passent par Times Square ont été un temps arrêtées ou ne marquaient plus l'arrêt, mais l'essentiel du trafic avait été rétabli dans l'après-midi et la gare routière rouverte. Le patron du métro, Joe Lhota, a indiqué que policiers et agents de sécurité s'étaient précisément entraînés pour un attentat de ce type début novembre. Quelque 3.000 agents patrouillent quotidiennement dans les transports new-yorkais.

Lors de l'attentat du 31 octobre, première attaque meurtrière à New York depuis le 11 septembre 2001, le suspect ouzbek, Sayfullo Saipov, avait fauché cyclistes et passants avant de percuter un bus scolaire. Rapidement arrêté, il avait indiqué avoir prêté allégeance au groupe Etat islamique. Il a depuis été inculpé et risque la prison à perpétuité. Donald Trump a réaffirmé lundi que les auteurs d'actes terroristes méritaient "les peines les plus lourdes", y compris la peine de mort dans certains cas.

Le 12/12/2017 à 09h15