Attentat en France: le gendarme qui avait remplacé des otages "tombé en héros"

Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué dans l'attaque terroriste de Trèbes (Aude), le 23 mars 2018.

Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué dans l'attaque terroriste de Trèbes (Aude), le 23 mars 2018. . DR

Les enquêteurs tentaient samedi de déterminer les circonstances de l'attentat jihadiste perpétré la veille dans le sud-ouest de la France par un assaillant qui a été abattu après des attaques ayant fait quatre morts, dont un gendarme célébré en héros pour avoir pris la place d'otages.

Le 24/03/2018 à 10h17

Le décès des suites de ses blessures du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, 45 ans, marié, sans enfant, a été annoncé tôt samedi. "Il est tombé en héros", a salué le président Emmanuel Macron dans un communiqué, soulignant qu'il a fait "preuve d'un courage et d'une abnégation exceptionnels".

"Mort pour la patrie. Jamais la France n'oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice", avait tweeté peu avant le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Selon son frère, Cédric Beltrame, "il a donné sa vie pour quelqu'un d'autre. Il savait certainement qu'il n'avait pratiquement aucune chance", a-t-il témoigné sur RTL. 

L'ensemble des drapeaux et étendards de la gendarmerie sera mis en berne samedi, a tweeté la gendarmerie nationale. En début de matinée, une rose blanche était accrochée au portail de la caserne de gendarmerie de Carcassonne (sud-ouest). Anne-Marie Bonnet, qui habite non loin, est venue déposer un bouquet au pied du portail: "On le remercie pour ce qu'il a fait (...) c'est un geste héroïque et je préfère que l'on parle de lui plutôt que de l'autre".

Les enquêteurs tentent désormais de comprendre les raisons du passage à l'acte de l'assaillant, Radouane Lakdim, 25 ans, alors qu'il ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités. Avant d'être abattu par les forces de l'ordre, il s'était présenté comme "un soldat" de Daech, qui a peu après revendiqué les attaques.

La dernière attaque en France, ciblée depuis 2015 à de nombreuses reprises, avait eu lieu il y a plus de cinq mois et fait deux morts, le 1er octobre 2017, à la gare Saint-Charles de Marseille (sud-est). "Nous avions suivi "Radouane Lakdim" et nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation", mais "il est passé à l'acte brusquement", a concédé M. Collomb.

Ce Français, né le 11 avril 1992, vivait à Carcassonne. A partir de 2014, il a été suivi par les services de renseignements et fiché "S" (pour sûreté de l'Etat) "en raison de ses liens avec la mouvance salafiste", selon le procureur de Paris, François Molins. Mais il a ensuite semblé changer de registre. En août 2016, il a fait un mois de prison après des condamnations pour "port d'arme prohibé", "usage de stupéfiants" et "refus d'obtempérer". 

En 2016 et 2017 il a de nouveau été suivi par les services de renseignement, qui n'ont décelé aucun "signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l'acte terroriste", selon Molins. Sa surveillance est alors arrêtée. Les investigations se poursuivent pour établir la provenance de l'arme qu'il a utilisée et déterminer s'il a pu bénéficier de complicités. Une "proche qui partageait sa vie" a été placée en garde à vue vendredi soir, après une perquisition dans son quartier de Carcassonne, selon Molins.

Lors de ses attaques, il a demandé "la libération de frères" dont, selon une source proche du dossier, celui de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des attentats jihadistes du 13 novembre 2015 (130 morts), emprisonné à Paris.

Le 24/03/2018 à 10h17