Coronavirus. Camps de Lahmada: aide algérienne au profit… des dirigeants du Polisario

La ministre algérienne de la Condition féminine et de la solidarité, Kaouthar Kirikou, chez Brahim Ghali à Tindouf.

La ministre algérienne de la Condition féminine et de la solidarité, Kaouthar Kirikou, chez Brahim Ghali à Tindouf. . DR

Les derniers cas de Covid-19 annoncés à Tindouf ont créé la panique dans les camps de Lahmada. Pour éviter une débandade et la fuite des habitants de ces camps, l’Algérie vole au secours du Polisario, qui vient de resserrer l’étau du confinement.

Le 03/05/2020 à 17h44

Pour la première fois, l’existence de cas de contamination au Covid-19 à Tindouf a été officiellement reconnue. Six cas ont été annoncés vendredi dernier, au cours de la soirée, par le porte-parole du Comité scientifique algérien de suivi de l’évolution du coronavirus, Djamel Fourar. Ces cas ont été révélés dès les premiers et rares tests effectués dans cette wilaya de l’extrême sud-ouest algérien, que jouxtent les camps sahraouis de Lahmada.

Et que dire alors si des tests de dépistage du Covid-19 effectués au sein de cette population vivant dans la promiscuité, la précarité, la malnutrition, et qui accueillait jusqu’à la veille du confinement des Sahraouis venant d’Espagne et d’Italie, pays les plus contaminés d’Europe par le coronavirus?

Prenant les devants pour éviter une panique et une débandade dans les camps sahraouis suite à l’annonce des contaminations à Tindouf, les autorités algériennes ont dépêché un membre du gouvernement auprès du chef du Polisario. Kaoutar Kirikou, ministre de la Solidarité nationale, de la famille et de la condition de la femme, qui a été reçue par Brahim Ghali à Tindouf même, où il est confiné loin des conditions difficiles que vivent les habitants des camps.

Après cette entrevue en grande pompe, Saïda Benhabiles, présidente du Croissant rouge algérien, venue elle aussi d’Alger, a remis une aide alimentaire au président du prétendu "croissant rouge sahraoui", une entité non reconnue par le Comité international de la Croix rouge (CICR), mais qui vit sous l’ombrelle de son homonyme algérien.

Cette aide alimentaire algérienne de 154 tonnes, soit moins d’un kilogramme par habitant, si l’on se réfère au recensement volontairement exagéré du Polisario (173.000 réfugiés), intervient suite à l’alerte lancée par plusieurs eurodéputés, qui ont interpellé la Commission européenne sur la situation humanitaire des camps de Lahmada. 

Frédérique Ries, eurodéputée belge, sur la foi d’informations émanant des de ces camps, avait mis en garde, le 25 avril dernier, contre une catastrophe humanitaire et sanitaire imminente. En effet, selon elle, non seulement l’Algérie, qui héberge ces Sahraouis, et en est donc responsable, n’a mis aucun équipement ou infrastructure médicale de base à leur disposition, mais des personnes contaminées (au Covid-19) et les malades sont confinés dans «des chambres d’isolement dans un état catastrophique».

En tout cas, si l’Algérie a initié durant tout ce week-end un pont aérien entre l’aéroport de Boufarik (Blida) et celui de Tindouf, à 1800 km plus au sud, c’est que la situation humanitaire et sanitaire dans les camps s’aggrave à huis clos. Et comment peut-il en être autrement, si l’on sait que les principaux pourvoyeurs d’aides alimentaires sont des ONG originaires des deux pays européens les plus touchés par la pandémie de coronavirus, l'Espagne et l'Italie?

Mais plutôt que d’assister à une distribution rapide de cette aide algérienne, les médias proches du Polisario ont exprimé samedi leurs craintes de la voir convoyée à son tour vers les entrepôts privés du président du Croissant rouge sahraoui ou ceux du ministère dit du commerce. Ces deux boîtes sont en effet spécialisées dans la vente de l’aide au profit des dirigeants du Polisario. D’ailleurs, ces derniers ont tenu une réunion hier soir, samedi 2 mai 2020, à Tindouf et, pour mieux se partager le butin offert par l’Algérie, ont brandi à nouveau le spectre du coronavirus pour durcir davantage le confinement imposé aux habitants des camps.

Par Mohammed Ould Boah
Le 03/05/2020 à 17h44