Coronavirus: déconfinement à des rythmes variés, plus de 350.000 morts dans le monde

Manifestation contre les mesures de confinement en Californie, le 1er mai 2020 à San Diego.

Manifestation contre les mesures de confinement en Californie, le 1er mai 2020 à San Diego. . AFP

Le déconfinement des populations parquées chez elles pour éviter la propagation du coronavirus se poursuit à des rythmes variés, qui pourraient s'accélérer si un antiviral expérimental, le remdesivir, sur lequel misent les Etats-Unis, tenait ses promesses.

Le 02/05/2020 à 08h00

Malgré des bilans quotidiens toujours lourds, les Etats fédérés américains avancent dans la levée des mesures de restriction. Et le régulateur du médicament (FDA) a autorisé en urgence un antiviral expérimental, qui d'après lui peut doper le rétablissement des malades.

Dans plusieurs pays d'Europe occidentale, en revanche, le reflux de la maladie se confirme, mais la volonté d'éviter une nouvelle vague de contaminations amène les gouvernements à prévoir des déconfinements très progressifs. La pandémie a fait plus de 235.000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles vendredi à 19h00 GMT.

Pays le plus lourdement frappé avec près de 65.000 morts, les Etats-Unis totalisent plus de 30 millions de demandes d'allocation chômage depuis la mi-mars, un record historique. Pour relancer l'économie, plus de 35 des 50 Etats américains ont commencé à lever ou sont sur le point de lever les strictes mesures de confinement qu'ils ont instaurées, tandis que des manifestations pour "la réouverture de l'Amérique" se multiplient à travers le pays. 

Réouvertures au Texas Le Texas a ainsi rouvert vendredi magasins, restaurants ou bibliothèques à condition qu'ils n'opèrent qu'à 25% de leur capacité. Le grand Etat du Sud américain avait pourtant enregistré la veille son plus lourd bilan en termes de décès (plus de 50 morts en une journée pour un total de 800).

Attablé dans un restaurant de Houston, où les serveurs portent désormais masques et gants, Jack Sweed se dit "content de pouvoir soutenir les commerces locaux". Pour lui, "les mesures de sécurité qui ont été mises en place ont fonctionné" et les gens se sont "adaptés au virus".

Les Etats-Unis continuent pourtant de déplorer en moyenne plus ou moins 2.000 morts chaque jour (1.883 vendredi), un plateau sur lequel ils sont bloqués depuis la mi-avril. Pour exiger la levée du confinement en vigueur depuis six semaines dans leur Etat, des milliers de personnes ont manifesté vendredi en Californie avec des drapeaux des Etats-Unis. 

"Ouvrez la Californie!", ont scandé les protestataires près des plages de Huntington Beach, fermées sur ordre du gouverneur Gavin Newsom après avoir vu un afflux de personnes le week-end dernier. "Tous les emplois sont essentiels" ou "La liberté est essentielle", pouvait-on lire sur des pancartes. Des manifestations similaires se sont aussi tenues à Los Angeles, à New York et à Chicago. A New York, plusieurs milliers de locataires qui craignent de perdre leur logement après avoir perdu leur emploi et mènent une "grève des loyers" ont manifesté dans la rue vendredi.

Quelque 12.000 locataires, représentant quelque 100 immeubles new-yorkais, ont participé à l'action, selon les estimations de l'organisation Housing Justice for All, à la pointe de ce mouvement sans précédent depuis la crise économique des années 30. D'autres actions similaires étaient prévues à travers les Etats-Unis.

Rétablissement plus rapide Sur le front scientifique, l'Agence américaine du médicament (FDA) a donné un grand de coup de pouce au remdesivir qui, selon une étude, permet aux patients atteints du Covid-19 de se rétablir plus rapidement. 

Signe de l'importance que les autorités accordent à ce développement thérapeutique, c'est le président Donald Trump lui-même qui a annoncé vendredi le lancement de l'utilisation du médicament. Elle permettra aux hôpitaux américains de le prescrire aux malades graves, sous respirateur par exemple.

En Europe occidentale, le reflux de l'épidémie semble bien installé en Italie, en Espagne ou en France. Mais les autorités de ces pays, dans la crainte d'une deuxième vague de contaminations, prévoient des déconfinements par étapes et extrêmement prudents.

En Espagne, le week-end sera l'occasion d'un nouvel assouplissement du très strict confinement imposé depuis le 14 mars aux quelque 47 millions d'Espagnols, avec l'autorisation des sorties sportives individuelles, qui fait suite à celle des sorties pour les enfants. Des tranches horaires devront toutefois être respectées, pour éviter la surfréquentation des rues et maintenir à distance enfants et personnes âgées, qui ne pourront pas sortir aux mêmes heures.

En Grande-Bretagne, deuxième pays d'Europe le plus touché après l'Italie avec 27.510 décès, le pic de la pandémie a également été atteint, selon le Premier ministre Boris Johnson, qui a promis un plan de déconfinement la semaine prochaine.

Au niveau mondial, le coût des mesures de lutte contre la pandémie s'annonce catastrophique pour des secteurs d'activités comme le tourisme ou l'aviation, mais aussi pour les populations les plus vulnérables. Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), pas moins de 1,6 milliard de personnes risquent de perdre leurs moyens de subsistance à cause de cette crise.

Vacances en Chine Les Chinois, qui ne rapportent pratiquement plus de cas, ont entamé vendredi leurs premières vraies vacances depuis le début de la crise. La Cité interdite, notamment, a rouvert, mais avec une jauge réduite. Pour la plus grande joie de ceux admis à l'intérieur: "C'est génial, on peut vraiment en profiter", s'est émerveillée une jeune visiteuse.

© Copyright : AFP

Accusée par Washington d'avoir fait preuve de complaisance envers la Chine au début de la crise, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé à Pékin de l'associer aux enquêtes sur l'origine de la pandémie. Pour l'organisation, il s'agit de comprendre quel a été "l'hôte naturel" de ce virus et sa "transmission d'animal à humain".

Au Brésil, où le président Jair Bolsonaro défend coûte que coûte la reprise de l'activité économique, le pire est peut-être à venir. Et une réplique désinvolte du président d'extrême droite continue de susciter une énorme polémique nationale. Interrogé mardi sur le fait que le Brésil venait de dépasser le chiffre de 5.000 morts, M. Bolsonaro avait répondu: "Et alors?" Depuis, le bilan est passé à plus de 5.900 morts.

Le 02/05/2020 à 08h00