Emmanuel Macron n’est pas le premier président français à avoir remis en question l’existence d’une nation algérienne

Du général de Gaulle à Emmanuel Macron, une même vision de la nation algérienne.

Du général de Gaulle à Emmanuel Macron, une même vision de la nation algérienne. . DR

Remettre en question l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française serait une grande première que de nombreux responsables et commentateurs algériens ont attribué à Emmanuel Macron. L’histoire prouve le contraire.

Le 16/10/2021 à 12h12

Le 30 septembre 2021, le journal Le Monde rendait publics des propos tenus par Emmanuel Macron, lors d’un déjeuner à l’Elysée en l’honneur de dix-huit jeunes, issus de familles qui ont vécu la guerre d’Algérie. 

Ce jour-là, le président français affirmait ainsi sans faux-fuyants, entre autres vérités dures à encaisser pour le pouvoir algérien, qu’il existe en Algérie, une «histoire officielle» selon lui «totalement réécrit[e] qui ne s’appuie pas sur des vérités» ou encore que «la nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle, et qui dit: tout le problème, c’est la France».

Emmanuel Macron est allé encore plus loin en appuyant là où la junte au pouvoir devient hystérique. «La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française? Ça, c’est la question.» Cette question, somme toute légitime, a provoqué un séisme dans le régime algérien qui a mobilisé ses médias, ses partis politiques, ses ministres pour dénoncer les propos «irresponsables» du président français.

Aux yeux de la junte, le président français a franchi le Rubicon, allant là où aucun de ses prédécesseurs n’a osé s’aventurer: laisser entendre que la nation algérienne n’existait pas avant la colonisation française.

«Il s'autorise même de se poser des questions, toute honte bue, sur l'existence de la Nation algérienne pour justifier l'amnésie mémorielle de la France officielle. Il s'agit là d'une digression impardonnable qui n'a jamais été commise par aucun président français», peut-on ainsi lire dans les colonnes d’un média algérien.

Quand Macron marche dans les pas du Général de GaulleOr, il n’en est rien. Emmanuel Macron n’est pas le premier président français à avoir remis en question l’existence d’une nation algérienne comme certains tentent de le faire croire.

Bien avant lui, le 16 septembre 1959 plus précisément, alors que l’Algérie est encore une colonie française, le général de Gaulle, dans un discours télévisé, va tenir des propos encore plus précis et assumés que ceux de son lointain successeur (à partir de 00.59 dans la vidéo). 

«Car, depuis que le monde est le monde, il n’y a jamais eu d’unité, ni, à plus forte raison, de souveraineté algérienne. Carthaginois, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes syriens, Arabes de Cordoue, Turcs, Français, ont tour à tour pénétré le pays, sans qu’il y ait eu, à aucun moment, sous aucune forme, un Etat algérien», affirme ainsi avec aplomb l’érudit Charles de Gaulle, alors président de la République française. 

Il est vrai que la junte a tout intérêt à faire l’impasse sur les propos du général de Gaulle qui sont d’une crudité qui n’a d’égale que la vérité historique des faits qu’il décrit. 

Par Zineb Ibnouzahir
Le 16/10/2021 à 12h12