Espagne: l'ascension fulgurante du parti d'extrême droite Vox

Santiago Abascal, leader du parti d’extrême droite Vox, célèbre les résultats des élections avec ses partisans, le 10 novembre à Madrid.

Santiago Abascal, leader du parti d’extrême droite Vox, célèbre les résultats des élections avec ses partisans, le 10 novembre à Madrid. . DR

Avec son discours radical contre les indépendantistes catalans ou l'immigration, le parti d'extrême droite espagnol Vox a connu une ascension fulgurante depuis un an jusqu'à s'imposer dimanche comme la troisième force à la chambre des députés.

Le 11/11/2019 à 11h27

Vox a été fondé en 2014 par d'anciens membres déçus du Parti Populaire (conservateur) comme son chef Santiago Abascal, ancien député PP au parlement régional du Pays basque.

Abascal a rapidement pris ses distances avec son ancien parti, accusant l'ancien Premier ministre conservateur Mariano Rajoy (2011-2018) d'être "l'exécuteur testamentaire" de son prédécesseur socialiste José Luis Rodríguez Zapatero pour ne pas avoir abrogé la loi autorisant le mariage homosexuel ou celle de "mémoire historique" qui vise à réhabiliter la mémoire des victimes républicaines de la dictature franquiste.

Lors de la récente exhumation de Franco de son mausolée monumental, Santiago Abascal a accusé le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez de "profanation".

Marginal il y a peine un an, Vox a créé un séisme en Espagne en décembre 2018 en entrant avec 10% des voix au parlement régional d'Andalousie, région la plus peuplée d'Espagne où son soutien a permis au PP et aux libéraux de Ciudadanos de chasser les socialistes de leur fief historique.

Propulsé sur le devant de la scène, Vox a ensuite fait son entrée au Parlement national lors du scrutin du 28 avril avec 24 députés, alors que l'extrême droite était résiduelle dans le pays depuis la mort de Franco en 1975.

Un résultat doublé dimanche avec 52 députés sur 350, ce qui fait de Vox la troisième force politique à la chambre.

Après des manifestations ayant dégénéré en violences en Catalogne suite à la condamnation mi-octobre de dirigeants indépendantistes à la prison pour la tentative de sécession de 2017, Vox doit, selon les analystes, son succès à la manière forte qu'il prône face aux indépendantistes dans cette région.

Il réclame l'interdiction des partis séparatistes, la suspension de l'autonomie de la région et l'arrestation de son président, l'indépendantiste Quim Torra.

Grâce à une particularité du système juridique espagnol, Vox avait participé au procès historique des dirigeants indépendantistes en qualité d'"accusation populaire".

Au-delà de la crise catalane, Vox a fait campagne contre l'immigration illégale, à laquelle il attribue une prétendue hausse de la délinquance, sans hésiter à recourir à des exagérations et des mensonges.

Ce parti réclame aussi à cor et à cri l'abrogation de la loi contre les violences faites aux femmes, qu'il accuse de "criminaliser" les hommes.

Il défend aussi par ailleurs avec virulence la tauromachie et la chasse, et son numéro deux, Javier Ortega-Smith, tient un discours aux relents antisémites comme lorsqu'il s'attaque au milliardaire américain juif d'origine hongroise George Soros.

Soros est "le grand promoteur et financier de l'immigration illégale, du trafic des êtres humains et s'enrichit dessus notamment car il cherche à avoir de la main d'oeuvre bon marché en Europe", a-t-il dit en février sur un plateau de télévision.

Avant son bond de dimanche, Vox avait fait moins bien que prévu par les sondages lors des élections européennes et municipales de mai.

Ce qui ne l'a pas empêché de compter puisque son soutien a permis, comme en Andalousie, au PP et à Ciudadanos de gouverner les régions de Madrid et de Murcie (est) et de reprendre la mairie de la capitale à la gauche.

Le 11/11/2019 à 11h27