États-Unis: premier vote au Congrès sur une enveloppe de 40 milliards pour l'Ukraine

Lindsey Graham (à droite), républicain de Caroline du Sud, et Richard Blumenthal, démocrate du Connecticut, en conférence de presse sur la déclaration de la Russie en tant qu'Etat sponsor du terrorisme, au Capitole américain à Washington, le 10 mai 2022.

Lindsey Graham (à droite), républicain de Caroline du Sud, et Richard Blumenthal, démocrate du Connecticut, en conférence de presse sur la déclaration de la Russie en tant qu'Etat sponsor du terrorisme, au Capitole américain à Washington, le 10 mai 2022. . Stefani Reynolds / AFP

Le Congrès américain a franchi hier, mardi 10 mai 2022 une première étape vers le déblocage d'une nouvelle enveloppe faramineuse de près de 40 milliards de dollars pour l'Ukraine, suivant Joe Biden dans son soutien indéfectible à Kiev.

Le 11/05/2022 à 06h38

«Avec ce programme d'aide, l'Amérique envoie au monde entier le signal de notre détermination inébranlable à soutenir le peuple courageux d'Ukraine jusqu'à la victoire» contre Moscou, a souligné Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, quelques heures avant que ce texte ne soit adopté par des élus des deux camps.

Ce paquet doit désormais être voté au Sénat avant d'être promulgué par Joe Biden.

Au sein de cette grande enveloppe: 6 milliards de dollars qui doivent permettre à l'Ukraine de s'équiper en véhicules blindés, renforcer sa défense anti-aérienne à l'heure où les combats font toujours rage dans l'est et le sud du pays.

Près de 9 milliards de dollars sont également prévus pour assurer entre autres "la continuité des institutions démocratiques ukrainiennes", ainsi qu'un large volet humanitaire.

«Poutine le cruel»Le président américain réclamait depuis plusieurs semaines une énorme rallonge budgétaire de 33 milliards de dollars pour soutenir l'Ukraine contre l'invasion russe.

Mais lundi soir, chefs démocrates et républicains se sont mis d'accord pour aller encore plus loin, trouvant un compromis autour d'une enveloppe de 40 milliards de dollars, l'équivalent du PIB du Cameroun en 2020.

«Adopter rapidement ce financement d'urgence est essentiel pour aider le peuple ukrainien dans sa lutte contre Poutine le cruel», a insisté le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer mardi.

Il a estimé que les Etats-Unis avaient une «obligation morale» de se tenir aux côtés «de nos amis en Ukraine». La chambre haute devrait se prononcer sur cette enveloppe en fin de semaine ou en début de semaine prochaine.

Fait rare dans un Congrès si habitué aux querelles politiques: ces mesures bénéficient d'un très large soutien transpartisan.

Dans un communiqué lundi, le président américain a exhorté le Congrès à voter «immédiatement» sur ces financements.

Il y a, selon l'exécutif américain, urgence.

La cheffe du renseignement américain Avril Haines a prévenu mardi que Vladimir Poutine, qui se prépare à un conflit prolongé en Ukraine, comptait sur un essoufflement du soutien occidental à Kiev.

Le président russe «compte probablement sur un affaiblissement de la détermination des Etats-Unis et de l'Union européenne, lorsque les pénuries de biens alimentaires et la hausse des prix de l'énergie vont s’aggraver», a-t-elle alerté.

Or, selon Joe Biden, les ressources fournies par les Etats-Unis pour venir en aide à l'Ukraine doivent s'assécher d'ici dix jours.

Hélicoptères, drones«Nous ne pouvons pas laisser nos distributions d'aide s'arrêter dans l'attente d'une décision du Congrès», a souligné le président américain qui fait régulièrement part de sa volonté de mener le grand combat des démocraties contre les régimes autoritaires.

Près de 9 milliards de dollars de ces fonds doivent aussi permettre aux Américains de regarnir leurs propres stocks d'armement.

Allié traditionnel des présidents américains en matière de politique étrangère, le Congrès avait déjà débloqué près de 14 milliards de dollars pour la crise ukrainienne mi-mars.

Lors d'une allocution virtuelle devant les élus, le président ukrainien Volodymyr Zelensky y avait comparé le conflit dans son pays aux heures les plus sombres de l'histoire américaine, Pearl Harbor, les attentats du 11-Septembre...

Deux ténors du Sénat, le républicain Lindsey Graham et le démocrate Richard Blumenthal, ont franchi une étape supplémentaire hier, mardi, dans la riposte contre Moscou, dévoilant une résolution qui exhorte le chef de la diplomatie américaine à inscrire la Russie sur la liste noire américaine des «Etats soutenant le terrorisme».

Quatre pays aujourd'hui figurent sur cette liste: Cuba, l'Iran, la Syrie et la Corée du Nord.

Le 11/05/2022 à 06h38