Étude: 57% des jeunes Français musulmans font passer la loi islamique avant celle de la République

La Charia vs la loi de la République.

La Charia vs la loi de la République. . DR

Alors que le débat sur le séparatisme et la lutte contre l’islamisme fait rage en France, une nouvelle étude publiée par l’institut de sondage IFOP fait état des profonds clivages qui divisent la société française.

Le 07/11/2020 à 13h00

Portant sur l'adhésion à la laïcité, le rapport au religieux et la lutte contre l'islamisme, cette étude a été réalisée par l’Institut français d'opinion publique (IFOP) en deux temps et en mobilisant deux échantillons distincts. D’un côté, un échantillon «classique» de 2.034 personnes, interrogé fin octobre; de l’autre l'autre, un échantillon de 515 citoyens français de confession musulmane interrogés en août.

Un choix justifié par l'intérêt «d'obtenir des données fiables sur une catégorie de la population dont l’avis est central dans une étude abordant notamment les manifestations de religiosité dans l’espace public ou la lutte contre l’islamisme».

Les chiffres annoncés par ladite étude de l’IFOP, réalisée pour le Comité Laïcité République (CLR) et dont les résultats ont été publiés par le magazine Marianne, font état de constats plus ou moins inquiétants.

La laïcité à géométrie variableEn France, la laïcité a donné lieu à plusieurs lois qui d’après ce sondage remportent l’adhésion d’une majeure partie de la population française non musulmane. Du côté des sondés de confession musulmane, on se montre un peu plus réticent aux lois laïques.

Ainsi, si la loi de 1905 sur la laïcité remporte 88% d’avis favorables, 87% des musulmans y sont aussi favorables, mais 37% déclarent toutefois vouloir en assouplir certains aspects.

Idem du côté de la loi de 2004 qui interdit les signes religieux à l’école publique avec 85% de Français non musulmans qui y adhèrent. En revanche, 56% des musulmans sont opposés à cette loi considérée comme islamophobe.

Enfin, la loi de 2010 qui interdit le port du voile intégral obtient également le soutien de 88% des sondés.

La visibilité du religieux, le nœud du problèmeSi la majorité des Français de confession musulmane sont acquis aux lois de la laïcité, le bât blesse en revanche du côté de la visibilité du religieux.

Certains cas de figure bien précis du quotidien font état de différences de taille. Ainsi, s’agissant du port de signes religieux pour les parents accompagnateurs d’une sortie scolaire, 75% approuvent le port de signes religieux (26% chez l'ensemble des Français).

Le port des signes religieux dans le secteur privé est approuvé par 69% des Français (dont 78 % des musulmans de moins de 25 ans, contre 24% de la population globale),

Le magazine Marianne souligne la laïcité «à la carte» prônée par les sondés de confession musulmane, dont 81% déclarent être favorables à une loi autorisant les femmes à avoir droit à des horaires réservés aux femmes dans les piscines municipales.

Par ailleurs, ils sont aussi 81% désireux d’une loi autorisant le burqini dans les piscines publiques.

La lutte contre l’islamismeLe sondage ayant été réalisé en août et en octobre, un avant et un après la mort de Samuel Paty est donc constatable dans les résultats, souligne le magazine.

En effet, 75% des Français dans leur ensemble se déclarent favorables à «laisser aux enseignants le droit de montrer à leurs élèves des dessins caricaturant ou se moquant des personnages religieux afin d'illustrer les formes de liberté d'expression», contre seulement 36 % chez ceux de confession musulmane.

A la question du bien-fondé de la dissolution de l’association Baraka City et du CCIF considérés par les autorités françaises comme des entités islamistes, cette décision a été approuvée par 76% de la population, mais rejetée par deux tiers des sondés de confession musulmane.

La Charia vs la loi de la RépubliqueA la question soumise aux sondés croyants, «les normes et règles édictées par leur religion sont-elles plus importantes que celles de la République?», 37% des musulmans ne sont «pas du tout d'accord» avec le fait de placer «la loi islamique» avant celle de la République.

Ils sont 38% à placer au contraire la loi islamique avant celle de la République et parmi ceux-ci, la proportion atteint 57% chez les 18 à 24 ans, en hausse de 10 points par rapport à 2016.

Par Leïla Driss
Le 07/11/2020 à 13h00