France. Élection à la tête du Conseil du culte musulman: Mohammed Moussaoui, Franco-marocain, seul candidat

Mohammed Moussaoui, ancien président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et actuel président de l'Union des mosquées de France.

Mohammed Moussaoui, ancien président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et actuel président de l'Union des mosquées de France. . DR

Sauf surprise, Mohammed Moussaoui, ex-président du Conseil français du culte musulman (2008-2013), devrait être élu ce dimanche 19 janvier 2020 à la tête de cette institution, dont Emmanuel Macron attend qu'elle s'implique davantage dans la lutte contre la radicalisation et le communautarisme.

Le 19/01/2020 à 12h20

Les 87 membres du conseil d'administration, qui se réunissent à la Mosquée de Paris ce dimanche 19 janvier dans l’après-midi, devront se prononcer sur "une seule liste consensuelle", sur laquelle les fédérations sont parvenues à se mettre d'accord.

Mohammed Moussaoui, Franco-marocain de 55 ans, déjà président du CFCM de 2008 à 2013, est donc le seul candidat pour les deux prochaines années, a indiqué ce dernier à l'AFP.

Son concurrent Chems-Eddine Hafiz, tout juste élu nouveau recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP, proche de l'Algérie), a retiré sa candidature hier, samedi 18 janvier, et a appelé à soutenir Mohammed Moussaoui, assurant vouloir se concentrer sur sa nouvelle fonction, après la démission de Dalil Boubakeur.

Chems-Eddine Hafiz devrait, à son tour, prendre la présidence en 2022. Puis ce sera au tour de la fédération CCMTF (proche de la Turquie), avec Ibrahim Alci en 2024, selon Mohammed Moussaoui.

Mohammed Moussaoui est également président de l'Union des mosquées de France (UMF, proche du Maroc), l'une des composantes du CFCM, fédération qui a gagné le plus d'élus (18 sur 45) lors de la première étape des élections, qui se sont déroulées au niveau régional en novembre.

Souvent critiqué pour son manque de représentativité et de résultats, marqué par les querelles entre fédérations restées proches des pays d'origine des communautés (Maroc, Algérie, Turquie, etc.), le CFCM, créé en 2003, est cependant le principal interlocuteur des pouvoirs publics sur le culte musulman.

Emmanuel Macron, qui a plusieurs fois regretté la persistance de cet "islam consulaire" (c’est-à-dire caractérisé par l'influence des pays étrangers), entend mieux encadrer le culte musulman, en garantissant plus de transparence dans son financement. L'exécutif doit faire des propositions en février à ce sujet.

Le CFCM est surtout très attendu sur le renforcement de la lutte contre la radicalisation.

Fin octobre, après l'attaque à la préfecture de Paris et en pleine polémique sur le port du voile, le chef de l'Etat avait appelé le CFCM à "un changement de rythme pour qu'il combatte, au côté de l'Etat, le communautarisme et l'islamisme".

"Il faut que le CFCM ait une parole forte sur la place du voile, les femmes, l'école", avait encore dit Emmanuel Macron, qui doit dévoiler un plan contre l'islam radical d'ici à mars.

Si sa candidature est adoubée ce dimanche après-midi, Mohammed Moussaoui a promis de mettre en place très vite une réforme du CFCM centré sur plusieurs axes.

Il entend mettre sur pied un Observatoire contre le radicalisme et travailler sur la formation initiale et continue des imams et aumôniers, ce qui participera, entre autres, à la "lutte contre le radicalisme et pour la promotion d'un islam authentique à même de préserver la jeunesse françaises des propagandes extrémistes".

Mohammed Moussaoui veut aussi renforcer l'échelon départemental, voire communal, dans l'organisation du culte.

"Construction de mosquées, enseignement religieux, formation des imams, lutte contre l'islamophobie, sécurisation des lieux de culte, lutte contre la radicalisation, organisation des fêtes religieuses, etc., sur toutes ces questions, c'est souvent le préfet ou le maire qui sont les interlocuteurs directs des responsables musulmans".

En interne, il veut revoir le mode d'élection.

Le 19/01/2020 à 12h20