France. French fab tour: opération séduction sur les plages pour l'industrie française

Le village French-Fab tour à Deauville

Le village French-Fab tour à Deauville . DR

Simulateur de vol de Rafale, robots et mini-usine: l'industrie française fait la tournée des plages du pays, de la Côte d'Azur à la frontière belge, dans le but de dépoussiérer son image et attirer les jeunes qu'elle peine à recruter.

Le 11/08/2019 à 16h24

A quelques pas du sable fin de Deauville, station balnéaire de Normandie (nord-ouest), un groupe de vacanciers en tongs et tenue de bain assaillent de questions un technicien vantant les mérites d'une imprimante en 3D.

Non loin de là, dans un autre stand intitulé "Escape Games", des visiteurs casqués essaient de contrôler une usine virtuelle, manettes en main.

"C'est bon, tout le monde a son casque ?", lance une animatrice. "On va se mettre dans la peau d'un agent de maintenance. A l'heure actuelle, ces agents n'utilisent pas des notices d'utilisation de 4 mètres de long. Mais ce genre d'application, de la réalité augmentée", explique-t-elle.

Bienvenue dans le "village" du "French Fab Tour", une tournée de 60 dates à travers la France, dont 18 stations balnéaires cet été.

De la très huppée Riviera de Nice (sud-est) à la très populaire plage de Dunkerque, à la frontière belge, la tournée a pour ambition de démonter la mauvaise réputation dont pâtit l'industrie en France, parfois encore perçue comme un paysage de longues chaînes d'assemblage avilissantes.

"Rappelez-vous, à une époque, on disait: si tu ne réussis pas à l'école, t'iras à l'usine", rappelle Patrice Bégay, directeur exécutif de Bpifrance, banque publique aidant les entreprises, qui organise le French Fab Tour.

Magali Kueny, qui gère un cabinet de recrutement en ingénierie à Mulhouse (est), a plus que tout autre conscience du besoin de redorer cette image.

"On a très peu de candidats qualifiés", résume Magali, en vacances à Deauville, tandis que sa jeune fille admire une démonstration de moulage en 3D dans un des stands du "French Fab Tour". "Parfois, on a un seul candidat pour quatre ou cinq postes".

Quelque 50.000 emplois industriels ne sont pas pourvus en France, alors que le chômage y est supérieur à la moyenne européenne, avec 8,7% contre 7,5%.

Corriger ce déséquilibre fait partie des promesses de campagne du président Emmanuel Macron, élu en 2017 avec la volonté de "transformer" la France pour la rendre plus compétitive.

La fermeture de grands pans de l'industrie française a souvent été citée parmi les raisons du ressentiment de nombreux Français, qui s'est notamment traduit par les longs mois de vives protestations des "gilets jaunes".

"Il y a beaucoup d'industries en Normandie", souligne Philippe Augier, maire de Deauville, citant les "l'aéronautique, le nucléaire civil, l'automobile, le luxe (Hermès, Vuitton)". "Et souvent, nous avons des difficultés d'embauche, des difficultés de recrutement", ajoute-t-il.

Mais le "French Fab Lab" pourrait bien avoir fait mouche en gommant l'image vieillotte de l'industrie.

 "Je ne pensais pas que l'industrie, ça pouvait être ce type là d'exercice et de travail", lance ainsi Tom, 16 ans, aux commandes d'un simulateur de vol de Rafale, avion de combat high-tech développé par le français Dassault Aviation.

Séverine, animatrice scolaire, abonde: "J'ai un garçon qui est très intéressé par les nouvelles technologies, mais surtout l'aviation. Et donc, là, il s'est retrouvé face à un ingénieur qui lui a parlé techniques, métiers, avenir. Forcément, ça fait tilt chez lui".

Sur le littoral français, le "French Fab Tour" aura réussi à toucher plus de 400.000 personnes, indique Patrice Bégay.

"Sur les plages, les estivants comme les locaux nous disent: "Avec cette tournée, on bronze utile !". L'idée, c'était d'aller trouver les gens là où ils sont les plus nombreux. En fait, durant l'été, on se rend compte que les gens ont plus de temps pour la réflexion, sont moins stressés que durant l'année".

Le 11/08/2019 à 16h24