France: Jean-Pierre Chevènement conseille la «discrétion» aux musulmans

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L’ancien ministre français de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement s’est dit prêt à diriger la Fondation pour l'islam de France et estime que les musulmans «doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté» tout en leur conseillant la «discrétion» dans l'espace public.

Le 15/08/2016 à 13h10

Jean-Pierre Chevènement estime enfin que les musulmans «doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté» mais conseille la «discrétion» dans l'espace public «dans cette période difficile». «Les musulmans, comme tous les citoyens français, doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté. Mais il faut aussi qu'ils comprennent que, dans l'espace public où se définit l'intérêt général, tous les citoyens doivent faire l'effort de recourir à la ‘raison naturelle'», explique l'ancien ministre de l'Intérieur.

Jean-Pierre Chevènement s’est dit prêt à diriger la Fondation pour l'islam de France. "Il s'agit d'une tâche d'intérêt public car les 4,1 millions de musulmans que compte la France doivent pouvoir exercer leur culte mais dans le respect de la laïcité et des principes de la République", a-t-il dit dans un entretien publié lundi par le quotidien Le Parisien, notant que cette mission est tellement d'intérêt public qu'aucun responsable ne peut s'y dérober.

La mission première de cette fondation est la formation profane des imams, a-t-il dit, relevant qu'"il faut leur enseigner ce qu'est la citoyenneté française, le cas échéant la langue française, les principes généraux du droit, en tout cas ceux régissant les rapports entre le culte musulman et les pouvoirs publics".

Il s'agira aussi de promouvoir des projets culturels ayant pour but de faire mieux connaître la civilisation musulmane, laquelle, à certaines époques comme à la fin du premier millénaire, a brassé les cultures et a été une des grandes matrices du monde moderne, a poursuivi Jean-Pierre Chevènement, plaidant pour la création d'un institut de recherche - profane - en islamologie.

"L'émergence d'un islam de France compatible avec la République représente une oeuvre de longue haleine d'autant plus nécessaire aujourd'hui que des courants salafistes se développent partout dans le monde, y compris en France depuis une quinzaine d'années, mettant à leur merci certains jeunes à l'esprit fragile", a-t-il poursuivi, notant qu’il s’agit d’une bonne réponse à la poussée du terrorisme, conforme à l'intérêt des musulmans, aussi bien qu'à l'intérêt de la France.

A rappeler que certaines personnalités politiques françaises s'étaient interrogées sur la légitimité de la nomination d'un non musulman à la tête de la Fondation pour l'islam de France.

Créée en 2005 par l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, cette Fondation avait pour objectif de faciliter le financement du culte musulman, mais n’a jamais vraiment fonctionné. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait annoncé récemment que cette Fondation serait prochainement relancée. Une volonté confirmée par le président François Hollande qui a indiqué que cette fondation doit être confortée.

Agé de 78 ans, Jean-Pierre Chevènement a été plusieurs fois ministre sous François Mitterrand et Jacques Chirac. Il a été également candidat à l’élection présidentielle en 2002. 

Le 15/08/2016 à 13h10