Italie. Élections: entre poussées de droite et populisme à tout va

Un électeur devant les listes de candidats. 

Un électeur devant les listes de candidats.  . AFP

Plus de 46 millions d'Italiens sont appelés à voter dimanche 4 mars pour des élections à l'issue incertaine entre poussée de la droite et montée des populismes, avec Silvio Berlusconi appelé à jouer de nouveau un rôle de premier plan.

Le 04/03/2018 à 09h19

Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (06H00 GMT) et le resteront jusqu'à 23H00 (22H00 GMT): tous les électeurs doivent élire 630 députés via un bulletin rose. Ceux qui ont plus de 25 ans recevront aussi un bulletin jaune pour choisir les 315 sénateurs.

Compte tenu de la complexité du nouveau système électoral, qui combine scrutin proportionnel et majoritaire, les sondages de sortie des urnes ne donneront qu'une indication du rapport de forces: il faudra attendre tard dans la nuit de lundi pour avoir une indication de la composition du futur Parlement.

Samedi encore, nombre d'électeurs se montraient indécis ou amers, au terme d'une campagne dominée par les questions liées à l'immigration, l'insécurité ou la faiblesse de la reprise économique en Italie.

"Personnellement, je vois beaucoup de confusion, beaucoup de perte de repères autour de nous", commentait à l'AFP Giuseppe samedi à Florence (centre). Car, si la coalition de droite/extrême droite est donnée en tête de ce scrutin, elle est loin d'être certaine de pouvoir gouverner. Selon les experts, le seuil pour obtenir la majorité des sièges est de 40 à 45%.

Or, les derniers sondages disponibles, datant d'il y a deux semaines, plaçaient la coalition en tête avec 37% des intentions de vote, dont 17% pour Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, et 13% pour la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite). Un renversement de ce rapport de forces, auquel le chef de la Ligue veut croire dur comme fer, donne des sueurs froides en Europe.

"A partir de lundi, c'est la Ligue qui gouvernera le pays", a ainsi assuré Matteo Salvini en clôturant sa campagne vendredi soir à Milan, tout en reprenant les attaques contre les migrants et contre Bruxelles.

L'alliance entre Silvio Berlusconi, 81 ans, et Matteo Salvini, 44 ans, est une première dans l'Union européenne, a dénoncé vendredi soir le chef du Parti démocrate (PD, centre gauche) Matteo Renzi.

"Je le dis aux électeurs de la gauche radicale et aussi aux modérés: seul le vote en faveur du PD garantit de ne pas laisser ce pays aux mains de Matteo Salvini", a-t-il averti, brandissant aussi la menace d'une alliance post-électorale entre la Ligue et les populistes du Mouvement Cinq Etoiles (M5S), qui officiellement s'en défendent.

Vendredi, le M5S a clôturé sa campagne en se disant certain cette fois de l'emporter. "Ce soir, c'est la fin de la période d'opposition et c'est le début de la période gouvernementale" du M5S, a assuré Luigi Di Maio, le jeune candidat du Mouvement au poste de chef du gouvernement.

Fondé en 2009 par le comique Beppe Grillo, le M5S avait créé la surprise en raflant un quart des voix en 2013 et pourrait devenir le premier parti du pays, même s'il lui faudrait probablement se résoudre à des alliances pour gouverner.

Dans le cadre de cette campagne, les forces en présence ont multiplié les promesses: baisses massives des impôts, expulsions de centaines de milliers d'immigrés clandestins, revenu garanti pour les plus pauvres et avancement de l'âge de départ en retraite. Chacun pouvait y trouver son compte, sans forcément y croire.

Enchaînant les interviews vendredi soir, Silvio Berlusconi a ainsi promis de créer 500.000 emplois dans le Sud, avec l'appui d'Antonio Tajani, actuel président du Parlement européen, qu'il a choisi pour diriger le gouvernement en cas de victoire. Le vieux milliardaire est lui-même interdit de toute fonction publique jusqu'en 2019 après une condamnation pour fraude fiscale.

"C'était pénible parce que cette campagne a manqué de clarté. Il y a des programmes qui sont, selon moi, irréalisables. Donc, j'ai la sensation qu'ils essaient de nous convaincre sur quelque chose qui n'est pas possible", a jugé Franco Bianchi, interrogé samedi à Florence.

Le 04/03/2018 à 09h19