Japon: le constructeur Nissan prêt à revoir son alliance historique avec Renault

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Le patron de Nissan a ouvert la porte ce mardi à une remise à plat de l'alliance historique nouée avec Renault, lors d'une assemblée générale d'actionnaires tendue, alors que le partenariat franco-japonais est fragilisé par l'éviction de son bâtisseur Carlos Ghosn.

Le 25/06/2019 à 17h37

Toujours clairement opposé à une fusion, Hiroto Saikawa a cependant paru assouplir sa position sur le calendrier des discussions.

Repousser le sujet "peut engendrer un affaiblissement de la coopération et affecter" les opérations au quotidien, a lancé Saikawa qui s'est donc dit disposé à reprendre le dialogue avec le président de Renault, Jean-Dominique Senard, parallèlement aux "efforts de redressement de Nissan".

"Nous devons trouver une structure qui rende l'alliance pérenne: devons-nous revoir les participations croisées? Peut-être, peut-être pas", a précisé le patron de Nissan. "Si le déséquilibre devient un facteur d'instabilité, alors nous mettrons le sujet sur la table".

Renault détient 43% de Nissan, mais ce dernier ne possède que 15% du groupe au Losange et pas de droit de vote.

Dans le même temps, Hiroto Saikawa a tenu à rassurer des actionnaires inquiets, l'un d'entre eux l'appelant à "ne pas sacrifier Nissan". "Nissan restera Nissan, il n'y a pas de changement sur ce point", a répondu le patron du groupe japonais.

Jean-Dominique Senard a lui été interpellé par un participant très remonté par une proposition de fusion des deux groupes, dont Nissan ne voulait pas, puis un projet de rapprochement de Renault avec l'italo-américain Fiat Chrysler dont Nissan n'avait pas été informé.

"En tant qu'administrateur de Nissan, quelle est votre mission, Jean-Dominique Senard ?", s'est énervé ce petit porteur, parlant même de "la sournoiserie des Français". "Les six premiers mois, vous auriez dû prendre le temps d'observer et de bâtir une relation de confiance".

Le responsable de Renault a assuré de sa bonne foi. "Depuis que je suis arrivé, j'ai tout fait pour apaiser" les tensions de l'alliance, a-t-il dit, soulignant notamment avoir "abandonné son droit" à présider Nissan.

Quant à une fusion avec FCA, "cela aurait été un projet formidable pour Nissan et pour l'alliance", a estimé Senard, regrettant "cette occasion perdue". "Je vous prie de me croire, je n'avais aucune intention agressive, je m'excuse une nouvelle fois si vous en éprouvez du ressentiment".

Enfin, sur la réforme de gouvernance que Renault menaçait de bloquer, le dirigeant voulait simplement "équité et parité". "Cette histoire a là aussi été montée en épingle, il n'y avait pas de quoi en faire une salade", a-t-il ensuite pesté dans un entretien à un groupe de journalistes français, dont l'AFP.

Les deux parties sont finalement parvenues à un compromis, et la réunion de Yokohama (banlieue de Tokyo), qui a duré un peu plus de trois heures, s'est conclue sur un vote positif de la réforme par Renault. Le chaos a donc été évité à la veille de l'arrivée au Japon du président français Emmanuel Macron, qui vient délivrer un message clair: "l'attachement fort de la France à l'alliance" née il y a 20 ans.

Selon l'accord trouvé, Jean-Dominique Senard, mais aussi le directeur exécutif de Renault, Thierry Bolloré, siégeront au sein de deux des trois comités créés pour renforcer les contrôles internes (nominations, audit et rémunérations).

L'adoption de ce nouveau schéma plus collectif découle de l'arrestation de l'ancien patron de Nissan, Carlos Ghosn, accusé d'avoir abusé de son pouvoir à des fins personnelles.

Les actionnaires - plus de 2.800 s'étaient déplacés - ont aussi validé la nouvelle composition du conseil d'administration, profondément remanié et élargi à onze membres, dont sept administrateurs externes.

Malgré les critiques, Hiroto Saikawa a été reconduit. Cet ancien fidèle de Ghosn, qui lui avait passé les commandes exécutives au printemps 2017, a promis de préparer au plus vite "un plan de succession".

Jean-Dominique Senard a en tout cas averti de sa vigilance: "je compte sur le nouveau conseil pour évaluer la performance des managers (...) et s'assurer que l'équipe est suffisamment forte pour les défis qui se posent à Nissan".

"Il faudrait être sourd ou aveugle pour ne pas comprendre que le redressement de Nissan est un sujet prioritaire", a insisté le président de Renault.

Le 25/06/2019 à 17h37