L'un des jihadistes français les plus recherchés au monde retourne en prison

Un dessin illustrant Peter Cherif devant un tribunal en France.

Un dessin illustrant Peter Cherif devant un tribunal en France. . DR

L'un des jihadistes français les plus recherchés au monde Peter Cherif, condamné en 2011 à cinq ans de prison pour avoir combattu en Irak en 2004, a été déféré dans la nuit de mercredi à jeudi en vue de l'exécution de cette peine et d'une nouvelle mise en examen.

Le 27/12/2018 à 12h51

Ce Français de 36 ans, proche des frères Kouachi, auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015, a été arrêté à Djibouti le 16 décembre. Une belle prise pour les services antiterroristes qui le recherchaient depuis sa disparition au dernier jour de son procès à Paris, où il était jugé pour avoir rejoint les rangs d'Al-Qaïda.

Il devait également être présenté ce jeudi à un juge d'instruction, dans le cadre d'une nouvelle information judiciaire. Le parquet a indiqué avoir requis sa mise en examen pour "association, de malfaiteurs, terroriste et criminelle" ainsi que son placement en détention provisoire.

Cette information judiciaire est consécutive à une enquête préliminaire ouverte en 2017. Selon une source proche du dossier, cette dernière visait le séjour et les activités de Peter Cherif au Yémen, où il était deven cadre d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).

Celui, qui est aussi connu sous le nom de guerre, répandu, d'"Abou Hamza", avait été inscrit en septembre 2015 par les États-Unis sur leur liste noire des "combattants terroristes étrangers".

Une semaine après son arrestation à Djibouti, il a été expulsé samedi dernier par les autorités locales et placé en garde à vue le jour suivant, dès son arrivée en France, où il a été réceptionné à l'aube par les policiers de la DGSI (Direction générale de la sécurité Intérieure).

Selon la présidence djiboutienne, Peter Cherif était arrivé à Djibouti par voie maritime via la ville côtière d'Obock, en provenance du Yémen, en possession de fausses pièces d'identité. Proche des frères Kouachi, les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, Peter Cherif est considéré comme une précieuse source d'informations pour les services de renseignements occidentaux comme pour la justice française. Il a fait valoir son droit au silence au début de sa garde à vue, a précisé à l'AFP une autre source proche du dossier.

En raison de ses liens avec les frères Kouachi, le nom de Peter Cherif apparaît dans l'enquête sur les attentats de janvier 2015 (Charlie Hebdo, Montrouge, Hyper Cacher), qui ont fait 17 morts. Mais, s'il a pu être présenté par certains médias comme un "possible commanditaire" de ces attentats, Peter Cherif ne fait l'objet d'aucun mandat d'arrêt dans ce dossier. "Passe au journal quand tu auras 5 minutes" : Charlie Hebdo avait salué à sa manière l'arrestation de Peter Cherif, en lui consacrant la couverture de son édition de mercredi. L'attentat du 7 janvier 2015 à Charlie Hebdo avait fait 11 morts, dont des figures emblématiques du journal comme Cabu, Wolinski, Honoré, Tignous ou l'ex-directeur de la rédaction Charb.

Quatre ans après ces attaques, les premières de la vague jihadiste qui a frappé la France, le parquet de Paris vient de requérir un renvoi aux assises pour 14 suspects, en grande partie des soutiens logistiques présumés des tueurs. Peter Cherif devrait néanmoins être interrogé sur le bref séjour, en 2011, de Chérif Kouachi au Yémen, d'où l'organisation Aqpa avait ensuite revendiqué l'attentat contre Charlie Hebdo.

Arrêté une première fois à Falloujah, en Irak, fin 2004, alors qu'il combattait dans les rangs d'Al-Qaïda en Irak, Peter Cherif, condamné à 15 ans de prison à Bagdad, s'était ensuite évadé d'une prison irakienne en mars 2007 avant de rejoindre la Syrie.

Extradé par la suite en France, il y fut incarcéré pendant 18 mois. Il avait disparu en mars 2011, absent du délibéré de son procès à Paris, et avait pris la fuite vers le Yémen. Condamné à cinq de prison, il avait fait immédiatement l'objet d'un mandat d'arrêt international.

Le 27/12/2018 à 12h51