Les délégués de plus de 190 pays se retrouvent jusqu'au 19 décembre pour adopter un nouveau cadre mondial décennal pour sauvegarder la nature et ses ressources indispensables à l'humanité.
Le temps presse: un million d'espèces sont menacées d'extinction, un tiers des terres sont gravement dégradées et les sols fertiles disparaissent, tandis que la pollution et le changement climatique accélèrent la dégradation des océans.
«L'humanité est devenue une arme d'extinction massive», a tonné hier, mardi 6 décembre 2022 le secrétaire général de l'ONU, lors du lever de rideau du sommet, à cause de «notre appétit sans limite pour une croissance économique incontrôlée et inégale».
Aucune excuse.
— António Guterres (@antonioguterres) December 7, 2022
Finis les atermoiements.
Il est temps de conclure un pacte de paix avec la nature. #COP15 https://t.co/OudHaF6IRZ
Cette COP15, sœur jumelle, dans l'ombre, des COP sur le climat, est «notre chance d'arrêter cette orgie de destruction», a-t-il déclaré. Mais les négociations patinent depuis trois ans.
Il s'agit de concrétiser un accord d'une vingtaine d'objectifs, dont le principal vise à protéger 30% des terres et des mers. D'autres prévoient la restauration des milieux naturels, la réduction des pesticides, la lutte contre les espèces invasives, ou les conditions d'une pêche et d'une agriculture durables.
«Ultime ligne droite»Le coût de la dégradation des écosystèmes est estimé à 3.000 milliards de dollars par an d'ici 2030, a rappelé Antonio Guterres.
Avant son discours, une dizaine de militants autochtones avaient protesté lors de celui du Premier ministre canadien Justin Trudeau, illustrant la fièvre que suscite la crise écologique dans ces communautés.
Leurs territoires abritent 80% de la biodiversité qui subsiste dans le monde. La reconnaissance, y compris financière, de leur rôle dans l'accord final est une des questions brûlantes à régler.
Pour tenter d'aboutir, trois jours de discussions préalables ont eu lieu du 3 au 5 décembre. Mais elles se sont conclues sans avancée significative - seulement cinq objectifs approuvés -alimentant une inquiétude de plus en plus vive chez les experts et les ONG.
«Ce sommet est une chance que le monde ne doit pas manquer, probablement la dernière pour les gouvernements d'inverser le cours des choses et de sauver notre précieux système de survie», a déclaré mardi Bernadette Fischler Hooper, responsable du plaidoyer au WWF.
📢To all World Leaders!
— Bernadette Fischler Hooper (@baernadette) December 6, 2022
No more bla bla👄 - we need action💪
👉It’s time to step up at #COP15 and deliver an ambitious global deal #ForNature to halt and reverse biodiversity loss by 2030.
8⃣ Billion people count on you!
⏰this is your wake up call: https://t.co/kzji96FZLX pic.twitter.com/7WHSIIZ5Eo
«Nous sommes dans l'ultime ligne droite, et il est temps pour chacun de faire un pas en avant, cela devient crucial», a abondé hier, mardi, la patronne du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen, visiblement préoccupée.
My thanks to China🇨🇳President of #COP15 & Canada🇨🇦, for bringing us to this crucial moment. If the web of life falls, we fall with it. If we make it stronger, #nature will carry humanity for generations to come.
— Inger Andersen (@andersen_inger) December 6, 2022
Critical that @CBD_COP15 raise ambition. https://t.co/94dNjEUBeT pic.twitter.com/jmKR9345Me
100 milliardsMais le sommet, présidé par la Chine et déplacé au Canada en raison de la politique zéro Covid de Pékin, se déroule sans l'appui des leaders mondiaux, pourtant venus en nombre à la COP climat de Charm-el-Cheikh en novembre. Ce sont donc les ministres de l'Environnement qui seront chargés, à partir du 15 décembre, de faire aboutir les négociations.
L'ambition affichée reste de sceller un accord aussi historique que celui de Paris pour le climat en 2015. Mais certains craignent «des stratégies éventuellement délibérées pour provoquer un scénario semblable à Copenhague», où la COP Climat avait connu un échec retentissant en 2009, note l'ONG Avaaz.
Pour éviter cela, les pays doivent s'accorder sur des objectifs mesurables et contrôlés, afin de ne pas répéter l'échec du cadre précédent, adopté en 2010 à Aichi, au Japon.
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Les financements des pays riches vers les pays en développement seront aussi un point décisif. Une coalition du Sud a réclamé au moins 100 milliards de dollars par an pour la biodiversité, autant que pour le climat, et 700 milliards de dollars par an d'ici 2030.
Certains pays souhaitent mettre en place un fonds dédié à la biodiversité, une proposition à laquelle résistent les pays riches, qui préfèrent perfectionner les canaux existants, notamment les banques publiques de développement.
La question épineuse de la biopiraterie est également source de blocages: de nombreux pays exigent que les pays riches partagent enfin les bénéfices des cosmétiques et des médicaments dérivés des ressources conservées au Sud.