Nouvelle lettre, nouvelle manœuvre: décrié par tous, Bouteflika persiste et signe

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Dans une troisième lettre qui lui est attribuée et qui a été lue à la télévision publique ENTV, le président algérien a choisi la fuite en avant et détaille le long processus de réformes, du reste déjà promises.

Le 18/03/2019 à 17h39

Les Algériens ont eu beau manifester vendredi dernier par centaines de milliers pour exprimer leur refus d’un quatrième mandat bis, les amis d’hier le fuir comme la peste aujourd’hui, rien n’y fait. Le clan de Abdelaziz Bouteflika est au pouvoir et entend bien le rester.

Pour preuve, une troisième lettre qui lui est attribuée, et dont lecture a été faire ce lundi 18 mars à la télévision publique algérienne, ENTV. Alors que la rue espérait un retour à la raison d’un régime qui n’est plus que l’ombre de lui-même, celui-ci préfère l’ignorer.

Les mots sont bien choisis et là encore, c’est dans l’espoir de berner un peuple qui a déjà maintes fois dénoncé la ruse et clamé qu’elle ne fonctionnait plus. Alors certes, Bouteflika parle de «changement», mais uniquement dans le cadre de la conférence nationale déjà annoncée et qui sera «lancée dans les plus brefs délais». «Notre pays s'apprête à changer son régime de gouvernance et à renouveler ses systèmes politique, économique et social à la faveur de la Conférence nationale inclusive qui se tiendra dans un très proche avenir avec la participation de toutes les franges du peuple algérien», a écrit le Président Bouteflika. Voilà qui pose le cadre, inamovible, d'une volonté de se maintenir au pouvoir, devenue aujourd'hui ridicule.

Reprenant les mêmes éléments de langage utilisés dans ses deux premières missives, le président affirme que toutes les catégories d’Algériens seront représentées dans cette conférence.

Il faudra par la suite attendre une nouvelle Constitution puis un nouveau processus électoral devant déboucher sur une nouvelle tête qui gouvernera l’Algérie.

On l’aura compris: le clan Bouteflika est loin d’avoir entendu l’urgence de la situation, à un moment où de nouvelles manifestations d’étudiants sont prévues dès demain mardi, et que de grands rassemblements populaires sont attendus vendredi prochain.

Si la lettre prend alibi sur la célébration, demain, mardi 19 mars, du Jour de la Victoire, étant donné son caractère hautement méprisant de la volonté populaire algérienne pourtant clairement clamée, tout porte à croire qu’elle sonnera l’heure de la grande défaite.

Cela n'empêche pas Bouteflika de ressortir la menace de recourir à l'armée. "Il est vrai que l'Algérie est forte d'une armée connue pour son haut niveau de professionnalisme et ses sacrifices exemplaires, mais il n'en demeure pas moins que sa sécurité et sa stabilité en appellent également à un peuple qui soit à la hauteur de ses aspirations socio-économiques et culturelles. Un peuple qui doit prêter main forte à son armée pour préserver l'Algérie contre les dangers extérieurs, et jouir de la quiétude et de la stabilité", peut-on lire dans sa lettre.Encore faut-il que l'armée continue de le soutenir.

Par Youssef Bellarbi
Le 18/03/2019 à 17h39