Première: les Saoudiens goûtent à l'opéra et au jazz

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L'opéra a fait ses débuts à Riyad ce weekend avec une histoire d'amour arabe classique, alors que des groupes de Beyrouth à la Nouvelle-Orléans se sont produits à l'occasion du premier Festival de jazz du Royaume.

Le 26/02/2018 à 10h54

Réputé pour ses mœurs strictes, le Royaume ultraconservateur s'est lancé dans un vaste programme de réformes sociales autour de manifestations sportives et artistiques. La mesure phare de cette ouverture est l'autorisation donnée aux femmes de conduire à partir de juin. Les amateurs de musique ont goûté pour la première fois au jazz à l'occasion d'un festival de trois jours inauguré jeudi à l'hôtel Riyad Intercontinental, avec en vedette des artistes tels que le Libanais Chady Nashef.

L'opéra "Antar et Abla" -une légendaire histoire d'amour entre un guerrier arabe et sa cousine- a également attiré des foules vendredi et samedi à l'Université Princesse Noura de Riyad. De tels événements auraient été inimaginables il y a quelques années, lorsque la police religieuse, tant redoutée, avait l'autorité d'empêcher les concerts et de prévenir la mixité dans les lieux publics.

Depuis la nomination en juin 2017 du prince Mohammed ben Salmane, 32 ans, comme héritier du trône, l'Arabie saoudite a entamé une politique plus libérale, autorisant entre autres les concerts et l'ouverture de salles de cinéma. Les réformes s'inscrivent dans une stratégie visant à diversifier l'économie pour réduire sa dépendance du pétrole et à créer des emplois pour les jeunes Saoudiens.

La General Entertainment Authority (GEA) d'Arabie saoudite a annoncé la semaine dernière qu'elle organiserait plus de 5.000 festivals et concerts en 2018, soit le double de l'année dernière, et qu'elle injecterait 64 milliards de dollars dans le secteur au cours des dix prochaines années. Le premier opéra d'Arabie saoudite devrait ouvrir ses portes dans la ville portuaire de Jeddah, a indiqué le GEA, sans donner de date.

Certains Saoudiens ont critiqué sur les réseaux sociaux ces annonces en dénonçant un gaspillage alors que le Royaume souffre d'une inflation élevée, du chômage et des réductions de subventions. L'Arabie saoudite a enregistré des déficits budgétaires depuis la chute des prix du pétrole en 2014 et a été contrainte de puiser depuis dans ses réserves à hauteur de 250 milliards de dollars.

Le 26/02/2018 à 10h54