Quand Gaid Salah sort l’épouvantail des missiles de croisière pour intimider le voisinage euro-méditerranéen

Un missile de croisière algérien tiré, lundi 30 septembre, depuis le large d'Oran, sur des cibles terrestres. 

Un missile de croisière algérien tiré, lundi 30 septembre, depuis le large d'Oran, sur des cibles terrestres.  . DR

Le Général Ahmed Gaïd Salah, dans le pétrin, a rebattu ses dernières cartes en tentant d’intimider le voisinage euro-méditerranéen par l’exhibition de missiles tirés depuis des sous-marins au large d'Oran et le recours au chantage à l’émigration clandestine. Décryptage.

Le 03/10/2019 à 11h43

Souvenez-vous: pas plus tard que mardi 1er octobre, le360 se faisait l’écho de la «mise en garde» émise lundi 30 septembre par le Général Gaïd Salah, depuis un sous-marin de type Kilo (fabrication russe), contre «toute ingérence étrangère dans les affaires internes de l’Algérie». Pendant ce temps, les services algériens procédaient, à Béjaïa, à l’interpellation de Mathilde Panot, députée de France Insoumise, parti de Jean-Luc Mélenchon, qui a été ramenée mardi dernier «sous escorte» policière à Alger, où elle a été placée en «résidence surveillée» dans un hôtel algérois.

Le chef d’état-major de l’armée algérienne, confronté à une revendication sans concession de son départ, laquelle revendication est affrontée par une vague d’arrestations abusives et de détentions arbitraires dans les rangs des manifestants, cherchait par l’exhibition de son armada à Oran, marquée par le tir de missiles de croisière sur des cibles terrestres, à intimider le voisinage euro-méditerranéen, en tentant de barrer la route à toute «ingérence étrangère» dans la situation algérienne actuelle.

L’alerte lancée par le360 n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Hier mercredi 2 octobre, le site électronique du quotidien espagnol «ABC» a attrapé la balle au vol en mettant en garde à son tour contre l’arsenal militaire algérien, relevant que l’Algérie est aujourd’hui le seul pays en Méditerranée, après Israël, à posséder réellement la capacité de procéder à des tirs de missiles de croisière depuis des sous-marins.

«La marine algérienne a fait un bond qualitatif dans sa capacité de dissuasion en se positionnant comme le seul pays de la Méditerranée, aux côtés d’Israël, à avoir la capacité de lancer des missiles d’attaque au sol à partir de sous-marins, plus précisément de ses deux nouveaux submersibles de classe 636 (version modernisée du kilo russe)», peut-on en effet lire dans l’article du quotidien «ABC».

Décryptons: l’Europe, qui s’est jusqu’ici abstenu de tout «ingérence dans les affaires internes de l’Algérie», est directement visée par la menace militaire «dissuasive» du Général Ahmed Gaïd Salah. Et pas seulement… «Le Maroc voisin, avec lequel les différends (avec l’Algérie: Ndlr) sont historiques, n’a pas de sous-marins dans sa flotte bien qu’il ait manifesté le désir de les acquérir », observe le quotidien «ABC».

Et, ce n’est pas fini. Outre la menace «dissuasive» proférée par le régime vert-kaki, le Général Ahmed Gaïd Salah recourt insidieusement au chantage à «l’émigration clandestine» envers l’Europe. Dit autrement, le Général 4 Étoiles menace de faire sauter les verrous sécuritaires pour laisser passer les candidats subsahariens à l’émigration clandestine vers le Vieux continent. Et, ce n’est surtout pas cette alerte émise par le site du quotidien Esdiaromenorca qui dira le contraire. «Les îles Baléares sont dans une situation exceptionnelle d'arrivée massive de bateaux algériens», a en effet prévenu le quotidien espagnol local. 

En recourant à l'arme de la "dissuasion" et au chantage à l'émigration illégale, le régime vert-kaki démontre, à qui veut bien voir, que le régime militaire algérien n'est pas "un partenaire crédible", explique à le360 un observateur. 

Seulement voilà, l'Europe n'a qu'une seule option sur la table: rejeter le chantage du régime vert-kaki en insistant sur une issue démocratique à la crise qui secoue l'Algérie depuis le 22 février 2019. Cette issue passe nécessairement par le départ de tous les résidus du régime algérien mafieux.

Laisser faire ce régime suicidaire pourrait induire, qu'à Dieu ne plaise, une reproduction du scénario syrien ou libyen, avec ce que cela comporte de risques majeurs pour la stabilité de la région. Une confrontation entre l'armée et le peuple algérien frère pourrait être dure à supporter par le voisinage de l'Algérie, qui n'est surtout pas prêt à faire face à une nouvelle vague de réfugiés, après la crise des réfugiés syriens qui se bousculaient par plusieurs dizaines de milliers aux portes de l'Europe. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 03/10/2019 à 11h43