Sénégal: l’Etat n’entend pas «brader» la licence 4G

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Après le refus des trois opérateurs présents au Sénégal de soumettre des offres pour la licence 4G, jugeant les 30 milliards de FCFA réclamés par l’Etat onéreux, l’ARTP campe sur ses positions. D’après son directeur général, Abdou Karim Sall, l’Etat n’a aucune intention de brader ses licences.

Le 20/01/2016 à 16h55

Malgré le refus concerté des trois opérateurs de téléphonie présents au Sénégal (Orange, Tigo et Expresso), à qui l’appel d’offres initial était exclusivement destiné, de soumettre des offres pour l’attribution de la licence 4G, le directeur général de l’ARTP n’en démord pas.

«Notre prix de 30 milliards de FCFA est raisonnable, fixé pour permettre le développement rapide de la 4G, avec des opérateurs en bonne santé [...]. Le revenu des opérateurs télécom dépasse les 1000 milliards de FCFA avec des marges de 20 à 50%», répète Abdou Karim Sall dans une interview parue ce 20 janvier dans le quotidien national «Le Soleil».

Selon lui, l’Etat n’entend pas brader ses licences. «Les fréquences sont des ressources rares, elles appartiennent à tous les Sénégalais, et l’Etat aurait tort de les brader. Tous les Etats, dans le monde entier, sont soucieux de valoriser leurs ressources au juste prix. Il n’y a pas de raison que le Sénégal fasse exception», soutient-il;

Les opérateurs, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. «La Sonatel a décidé de ne pas déposer d’offres compte tenu des conditions qui ne permettent pas de créer de la valeur pour l’entreprise et l’ensemble des parties prenantes au vu du benchmark effectué», explique un communiqué de l’opérateur historique, aujourd’hui filiale du français Orange, 

Donnant l’exemple du Maroc, la Sonatal souligne que 2 des 3 opérateurs ont payé l’équivalent de 30 milliards de FCFA alors que ce pays est 2,5 fois plus peuplé que le Sénégal et 3,5 fois plus riche. «Sous ce rapport, le prix total des licences 4G au Sénégal serait évalué autour de 14,5 milliards de FCFA», estime l’opérateur de téléphonie.

Beaucoup de professionnels du secteur dénoncent l’attitude «prédatrice» de l’Etat dans la gestion du secteur des télécoms. «Au lieu de chercher à gagner le maximum d’argent dans la vente des licences, l’Etat aurait dû réfléchir en termes de développement de l’écosystème de l’économie numérique, par exemple, en donnant gratuitement les licences, tout en fixant des objectifs d’investissements aux opérateurs», confie l’un d’eux, sous le couvert de l’anonymat.

Par Ibrahima Diallo
Le 20/01/2016 à 16h55